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Qui exploite l’or du Burkina Faso ?

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La France exploite-t-elle l’or du Burkina Faso ? Jusqu’à présent, les sociétés minières industrielles d’exploitation d’or au Burkina Faso sont canadiennes, russes et australiennes (même si elles sont contrôlées par des intérêts d’autres nationalités). D’autres sociétés anglaises, indiennes, ghanéennes, roumaines, etc., sont aussi passées dans l’exploitation. Quelles sont ces sociétés canadiennes, russes et australiennes présentes actuellement sur le territoire national ? Combien de tonnes d’or exportent-ils par an ?

Tout part d’une chaîne youtube dénommée « le fétiche de guerre gaulliste » (NDLR https://www.youtube.com/watch?v=qcn5scEGsjQ). L’auteur de la vidéo déclare ceci : « en 2016, la France a pillé 39 tonnes ; en 2015, 36 tonnes ; en 2014, 36 tonnes ; en 2013, 33 tonnes ; en 2012, 29 tonnes ; en 2013, 32 tonnes. (…) en 2017, on vole au Burkina Faso 45 tonnes, tout ceci sous couvert de lutte contre le terrorisme. En 218, on va voler au pays 52 tonnes. 62 tonnes volés au pays en 2019 et en 2020, on va voler 74 tonnes. En 2021, la production d’or volé au Burkina Faso est de 66,8 tonnes. » Voici ce que déclare la chaîne youtube en question. Pour comprendre, il faut recourir au dispositif règlementaire.

Le contexte d’exploitation minière

Le Code minier exige qu’une société qui s’engage à exploiter les ressources minérales au Burkina Faso crée une société de droit commun au Faso. C’est-à-dire que la société se dote d’un identifiant fiscal Unique (IFU) auprès des services des Impôts, un registre du commerce auprès du Tribunal de commerce et une immatriculation à la Sécurité sociale. Mais, derrière ces sociétés de droit burkinabè, se cachent des intérêts étrangers.

L’exploitation minière est conditionnée par l’option d’un permis minier accordé en Conseil des ministres par le gouvernement. L’investisseur signe un contrat minier, appelé convention minière, avec l’Etat burkinabè.

A ce jour, le Burkina Faso a signé une trentaine de conventions minières avec des investisseurs miniers. Mais dans ce milieu, les permis miniers passent régulièrement de main en main à tel point que la nationalité des investisseurs change à tout moment. Dans la tentative de retracer le permis minier de Youga, par exemple, on s’est rendu compte qu’il est passé dans les mains d’au moins 4 nationalités. La société Cayman a été la première sur le site, avant que Endeavour  se positionne. Le permis est passé à MNG avant d’atterrir dans les mains de Avesoro. Le permis de Karma est passé de Randgold à Néeré en passant par True gold et Endeavaour.

Présentement, le Burkina Faso compte 11 mines en exploitation, dont Essakane SA, Houndé Gold, Mana, Boungou, Wahghion, Roxgold, Bissa gold, Ymiougou, Orezone, Somisa et Karma.

Si Essakane, Houndé, Mana, Boungou, Wahghion, Roxgold, Orezone se réclament canadiennes, Somisa est australienne, Karma est Burkinabè, Bissa gold et Ymiougou sont détenues par des Russes. Les sociétés canadiennes représentent 63,33% des mines en exploitation au Burkina Faso, les mines russes 18,18% et 9% pour les Burkinabè.

A propos de la production

Selon les sources du ministère en charge des mines, en 2022, ces mines ont produit et exporté 57,674 tonnes d’or. Une production qui a baissé par rapport à 2021, où la production est de 67,127 tonnes. Cette baisse s’explique par la fin de la production des mines de Bouéré (canadienne) et de Samtinga (russe). Elle s’explique aussi par l’arrêt de la production de Taparko (russe), Youga (canadienne) du fait de l’insécurité. Toujours selon les données du ministère, cette production qui était de 32,6 tonnes en 2011 est passée à 38,520 tonnes en 2016 et 50,559 tonnes en 2019 et 62,405 tonnes en 2020.

Selon les audio des activistes, ces productions annuelles ont été « volées » par la France. Si  ces quantités produites au Burkina et exportées de manière légale correspondent aux chiffres avancés par certains activistes, il convient de noter qu’il ne s’agit pas de la production d’une seule société minière qui a été relayée, mais la production de toutes les sociétés minières implantées au Burkina. Aussi, sur l’ensemble des sociétés minières évoluant au Burkina, l’on ne retrouve aucune société française. Il est difficile de démontrer que la France vole toutes les productions annuelles d’or du pays.

Si la France se retrouve dans le secteur minier burkinabè, il s’agit d’activités de sous-traitance dans le domaine des biens et services, des marchés obtenus auprès des sociétés minières par des sociétés françaises. C’est le cas des sociétés comme Bolloré, Total, Orange, qui ont des contrats de sous-traitance pour livrer aux sociétés minières des biens et services.

PB

Mines_Actu_Burkina avec Le Reporter

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