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La norme ITIE 2019 prend en compte 3 éléments essentiels du genre que sont la parité, la divulgation et la communication inclusives (Onadja Kanfido, Secrétaire permanent de l’ITIE-Burkina Faso)

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En juin 2019, l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE-BF) a adopté une nouvelle norme. Les principales innovations de cette norme est la prise en compte du genre dans le processus ITIE. Quatre ans après, quel est le niveau de mise en œuvre de cette norme par le Burkina Faso ? A la faveur de la célébration de la journée internationale de la femme le 8 mars, Minesactu.info a donné la parole à Onadja Kanfido, Secrétaire permanent de l’ITIE-Burkina Faso.

Minesactu.info : Présentez-nous l’ITIE ?

Onadja Kanfido : Merci de l’opportunité que vous nous offrez pour parler de la mise en œuvre de la norme Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) au Burkina Faso. D’entrée de jeu, le Burkina Faso est un pays à fort potentiel minier. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Burkina Faso a adhéré en 2008 à l’ITIE, afin d’assurer une bonne gouvernance de ses ressources naturelles. C’est une norme mondiale de promotion de bonne gouvernance dans le secteur extractif. Cette norme édicte des exigences qui conduisent à des réformes dans les administrations liées au secteur minier dans ses pays membres ; le but étant d’aboutir ou de garantir la transparence dans le secteur extractif.

Quand est-ce le genre a été introduit dans la norme ?

Il faut préciser que la norme ITIE est dynamique et évolutive en ce sens qu’elle s’adapte et prend en compte les défis liés à une meilleure gouvernance du secteur extractif et à une large implication de toutes les couches sociales dans la gestion des richesses naturelles. Pour vous dire que la Norme ITIE n’a cessé d’évoluer depuis qu’elle a été adoptée pour la première fois en 2013.

En effet, la question du genre a été introduite dans la version 2019 de la Norme ITIE.

Vous savez que dans la plupart des pays abritant les ressources naturelles, les femmes, les jeunes, les personnes vivants avec un handicap et autres minorités ne sont pas toujours impliqués dans la gestion et pire ne profitent pas comme il le faut, des retombées de l’exploitation minière. Selon l’ITIE, les richesses issues des ressources naturelles d’un pays doivent profiter à tous ses citoyens. D’où la nécessité de la prise en compte de tous dans les répartitions des revenus issus de ce secteur. C’est pourquoi un accent particulier a été mis sur le genre dans la Norme ITIE 2019.

La norme ITIE 2019 prend en compte trois éléments essentiels du genre que sont : la parité des sexes et la participation active au sein des groupes multipartites ; les divulgations de l’ITIE sous le prisme du genre ; et les activités de sensibilisation et de communication inclusives.

Les principales Exigences de l’ITIE relatives au genre sont l’exigence 1.4 : Le groupe multipartite et chaque collège tiendront compte de l’équilibre hommes-femmes dans leur composition afin de progresser vers la parité, l’exigence 6.3 : Le nombre des effectifs employés dans les industries extractives […] devront être désagrégées par sexe et, si possible, par entreprise et par niveau professionnel, l’exigence 7.1 : Le groupe multipartite est tenu de: […] veiller à ce que les informations soient compréhensibles, notamment en s’assurant qu’elles sont rédigées dans un style clair et intelligible et disponibles dans les langues qui conviennent; il se préoccupera des défis qui existent en matière de besoins et d’accès à l’information de certains groupes de citoyens, notamment selon des critères de Genre et l’exigence 7.4 : Le groupe multipartite est encouragé à expliquer quelles mesures ont été prises pour assurer l’égalité entre les sexes et l’inclusivité.

Est-ce que le Burkina Faso satisfait aux exigences de l’ITIE ?

Le Burkina Faso satisfait aux exigences édictées par l’ITIE internationale. En effet, tout pays adhérant à l’ITIE est tenu de respecter ces exigences sous peine de sanctions. Et jusque-là, les évaluations auxquelles notre pays a été soumis ont été fructueux. Depuis son adhésion, le Burkina Faso a connu deux évaluations qui se sont toutes soldées par les mentions « Pays ayant accompli des progrès significatifs dans la mise en œuvre de la Norme ITIE ».

Une troisième évaluation est en cours et tout porte à croire que nous la réussirons avec brio comme les précédentes. C’est la preuve que notre pays est profondément attaché à la Norme ITIE et aux principes de transparence.

Il faut reconnaitre que l’ensemble des acteurs impliqués dans la mise en œuvre de l’ITIE au Burkina Faso font des efforts pour l’atteinte des objectifs. Vous avez le Gouvernement qui engage des réformes nécessaires pour garantir la transparence dans le secteur. Vous avez les sociétés minières qui se soumettent aux différents contrôles et aux engagements pris dans le cadre des conventions d’exploitation avec l’Etat et vous avez une société civile qui mènent un travail de veille citoyenne et qui ne manque pas d’attirer l’attention sur d’éventuels dysfonctionnements dans le secteur.

La conjugaison de l’ensemble des efforts de ces acteurs, la synergie d’action que nous avons réussi à mettre en place au niveau du comité de pilotage nous permet d’atteindre les résultats conformément à la Norme ITIE.

Quels sont les innovations en matière de genre ?

L’innovation majeure sur la question du genre demeure la ferme volonté du comité de pilotage de l’ITIE-BF, de travailler à une implication effective des femmes et autres couches vulnérables dans la gestion du secteur minier. Déjà, dans l’élaboration des rapports ITIE, nous exigeons de l’administrateur indépendant, un point exhaustif des femmes employées dans le secteur et par société minière et le type de fonctions qu’elles y occupent. Cela nous a permis de faire un constat depuis quelques années. Les femmes occupent moins de 15% des emplois dans le secteur. Nous avons donc choisi d’identifier les causes de ce fait et surtout engager des plaidoyers pour inverser la tendance. Sur ce point, les choses s’améliorent lentement certes, mais surement.

Aussi, le comité du pilotage de l’ITIE-Burkina Faso a créé une cellule genre en son sein pour prendre à bras le corps la thématique genre introduite dans la Norme 2019.

Il faut noter que notre pays abrite une des premières associations africaines de femme dans le secteur minier : l’Association des Femmes du Secteur minier (AFEMIB) qui est représentée dans le comité du pilotage de l’ITIE-Burkina Faso.

Il a été organisé en 2022, une conférence publique à l’intention de la coordination des femmes du Centre-sud pour partager le contenu du rapport ITIE 2020 avec elles. C’était un grand rendez-vous d’échanges, de débat sur le secteur, conformément aux exigences de la Norme ITIE. Nous avons pu prendre la mesure des préoccupations des femmes. Et le comité de pilotage travaille à prendre en compte ces préoccupations. 

Aussi et toujours dans ce sens, des organisations de la société civile siégeant au comité de pilotage de l’ITIE-BF ont engagé avec le soutien de l’ONG OXFAM, un plaidoyer pour que les ressources du secteur minier dédié aux financements des collectivités locales que nous appelons Fonds minier de Développement local (FMDL) puisse servir aussi au financement des activités génératrices de revenus pour les femmes et les jeunes. Le plaidoyer prévoit l’octroi de 30% du FMDL aux activités de ces franges importantes de notre population. Naturellement au niveau de l’ITIE-BF, nous trouvons la démarche salutaire et nous la soutenons.

Quelles sont les perspectives pour la prise en compte du genre ?

Comme je vous le disais plus haut, le comité de pilotage de l’ITIE-Burkina Faso fait de l’implication effective des femmes et des jeunes dans la gestion du secteur extractif, son cheval de bataille. En effet, de nombreuses actions sont en vue afin de garantir une implication progressive des femmes et des jeunes. Il est, en effet, mis en réflexion l’intégration de plus femmes dans le comité de pilotage afin qu’elles aient la possibilité de jouer un rôle de premier plan dans la prise de décisions en ce qui concerne la gouvernance des ressources naturelles, d’intégrer leurs points de vue et leurs expériences. Il est aussi prévu des activités de sensibilisation et de communication dans un but d’inclusion sociale.

Pour relever les défis liés à leur pleine implication, nous envisageons réaliser une stratégie nationale de mise en œuvre de l’ITIE au Burkina Faso dans laquelle, il sera dédié un axe à la question du genre et aussi les ressources pour l’exécution de l’ensemble des activités visant à inclure davantage les femmes dans ce secteur stratégique et surtout veiller à ce qu’elles profitent de la répartition des richesses.

Un dernier mot

Je voudrais vous remercier pour l’intérêt que vous portez à ce secteur et particulièrement à l’ITIE-BF.

Tout en souhaitant une bonne commémoration aux femmes du Burkina Faso et je les invite à faire un tour sur le site de l’ITIE-BF www.itie-bf.bf/ pour plus d’informations sur le secteur.

Propos recueillis par Elie KABORE

#Mines_Actu_Burkina

#8mars2023

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