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Genre et secteur minier : « les femmes doivent oser se lancer dans le secteur minier pour mieux briguer des postes de responsabilité » (Spécial 8 mars 2023)

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Le secteur minier a longtemps été perçu comme un secteur masculin. Mais une organisation, l’Association des Femmes du Secteur minier du Burkina Faso (AFEMIB) lutte depuis le début des années 2000 pour la promotion des droits de la femme dans ce secteur. A la faveur de la célébration de la journée internationale de la femme le 8 mars, Minesactu.info a donné la parole à la responsable de la formation et de la communication de l’AFEMIB Madame Yé / Sawadogo Rachel. Elle présente les résultats atteints à ce jour.

Minesactu.info : Pourquoi avoir créé AFEMIB ?

Yé/Sawadogo Rachel: L’AFEMIB a été créée par des pionnières du secteur minier. Ces femmes ont senti le besoin de mettre à la disposition des autres leurs expériences. L’AFEMIB contribue au renforcement des capacités des femmes. Elle pousse les femmes à prendre des postes de responsabilités dans le secteur minier en tenant compte des besoins sociaux économiques des femmes. La cible c’était précisément les femmes travaillantes dans les sociétés minières et les femmes intervenant dans l’artisanat minier. Les femmes sont un peu en marge aussi bien dans les sociétés minières que dans l’artisanat minier, parce que ce secteur est plus ou moins considéré comme un secteur masculin. Il y a beaucoup plus d’hommes dans le secteur minier donc l’AFEMIB a voulu contribuer à ce que les femmes puissent intégrer le secteur minier.

Quelle est la date de création de l’AFEMIB et qui sont ses membres ?

L’AFEMIB a été créée dans les années 2000 mais a été reconnu en 2004. Toutes les femmes qui travaillent dans une société minière ou qui exercent dans l’artisanat minier peuvent être membres. Il en est de même que celles qui interviennent dans la fourniture de biens et services dans les mines, les étudiantes dans les filières mines, carrière et géologie, et toutes les femmes qui sont intéressées ou qui ont un lien avec le secteur minier.

L’association compte aujourd’hui autant de femmes que de jeunes filles. On dit souvent que tous les métiers mènent à la mine parce que dans la mine il n’y a pas que des géologues et des ingénieurs. Il y a aussi d’autres métiers communs qui se retrouvent au niveau de la mine. Tous les membres de l’association essaient d’apporter leurs contributions à l’amélioration des conditions de la femme autant à l’intérieur de la mine qu’à l’extérieur de la mine.

Quelles sont les missions et les objectifs de l’AFEMIB ?

L’AFEMIB a comme mission de contribuer à accroitre les connaissances des femmes sur les risques liés à la pratique du métier dans les mines surtout au niveau de l’artisanat minier.

Il s’agit aussi pour l’association d’augmenter la représentativité et le pouvoir des femmes dans l’industrie extractive. Parce que les femmes dans les mines occupent les postes de bas niveaux et l’AFEMIB veut améliorer la représentativité des femmes dans les postes de décisions des mines.

Pour y arriver, elle mène des plaidoyers à l’endroit des gouvernements des partenaires mais aussi des sociétés minières elles-mêmes afin que toutes ces parties intègrent la dimension genre dans la problématique d’emploi.

AFEMIB est membre de Woman In Mining en Afrique de l’Ouest. A travers cette organisation sous-régionale, elle contribue à la mise en place d’un dialogue social avec les Etats.

Quelles sont les principales activités menées par l’AFEMIB en faveur des femmes du secteur minier artisanal et industriel ?

De façon général les moyens d’actions de l’AFEMIB, c’est de l’information, de la sensibilisation et des communications. Nous faisons aussi des plaidoyers, des formations et des études.

Sur le plan pratique et technique, l’association a mené plusieurs projets dans le cadre de l’autonomisation des femmes, et pour cela, nous avons des partenaires tels que l’Ambassade de France, du Canada, le NDI .

Dans la commune minière de Boudry par exemple, nous avons mis en oeuvre un projet d’accompagnement des femmes pour l’autonomisation des femmes. On a aussi travaillé à l’autonomisation des femmes sur l’aspect cohésion social qui a été pris en faveur des personnes déplacés internes qui se trouvent sur les sites miniers. Un des projet phare que nous avons mené, c’est faire le plaidoyer pour la prise en compte des femmes dans la mise en œuvre du Fond minier de Développement local depuis 2018. Il s’agit pour nous de voir comment les femmes et les jeunes pouvaient bénéficier de ce fonds destiné aux collectivités dans un contexte où les plans communaux de développement n’avaient pas pris en compte l’aspect genre.

En cette date commémorative de la journée internationale de la femme, quel appel pouvez-vous lancez-vous aux jeunes filles ?

L’AFEMIB intervient au niveau de l’autonomisation de la femme et quand on parle d’autonomisation, cela renvoie aussi à l’emploi.

Il y a un grand besoin dans le secteur miner artisanat et industriel, tout comme dans la fourniture de biens et services. Nous encourageons les filles à oser embrasser les métiers du secteur minier. C’est vrai que certains considèrent le secteur comme celui des hommes parce que le travail est rude, mais les femmes réussissent dans le secteur et arrivent à retirer leur épingle du jeu. Nous pensons qu’elles doivent s’armer de courage, savoir que quand on intègre le secteur minier, il faut être à la hauteur de la tâche. Ce n’est pas un secteur où on peut faire de l’à peu près. C’est la qualité de ton travail qui va te permettre de bien te positionner pour être au même niveau que les hommes et avoir accès aux postes de responsabilités.

« Oser », veut tout dire. Dès qu’un poste de responsabilité de dégage dans une mine, on a tendance à dire que la femme n’est pas courageuse ni prête à aller aux charbons, ou qu’elle refuse les responsabilités. C’est vrai que la contrainte sociale de la femme qui est la maternité peut constituer un handicap énorme pour la femme. La gestion de l’équilibre entre le foyer et le travail qui est aussi une contrainte majeure, mais je pense qu’au-delà des pesanteurs socio-culturelles, les jeunes filles doivent savoir que le secteur minier est aussi pour elles et doivent saisir les opportunités du secteur. En gros ; j’insiste sur le mot oser parce que quand une femmes veut postuler on la décourage. Pour mon cas, on a tenté de me décourager mais je suis rentré dans le secteur minier. J’ai pu être conseillère pédagogique. J’ai évolué et j’ai été coordonnatrice de projet. Après cela, j’ai été surintendante adjointe qui est quand même le numéro trois de la mine. Cela veut dire qu’on peut évoluer dans la mine. J’encourage les filles à se former et se donner les moyens pour se frayer un chemin dans le secteur des mines.

Quel est votre dernier mot ?

Merci à Minesactu.info qui donne l’occasion à AFEMIB de parler de sa structure, de présenter ses objectifs, ses missions et de réaffirmer son engagement dans la lutte pour l’amélioration des conditions de la femme dans le secteur minier industriel et artisanal. Nous encourageons et nous appelons les autres femmes à adhérer à l’AFEMIB qui compte actuellement toutes les compétences.

Interview réalisée par Rachid Ouédraogo

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