Home Développement local Que reste-t-il de la mine de Kalsaka après le saccage des populations ?

Que reste-t-il de la mine de Kalsaka après le saccage des populations ?

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  • Kalsaka, une mine en en ruine
  • Les risques de pillage étaient connus des autorités locales et nationales
  • L’histoire tumultueuse de Kalsaka

Le spectacle est désolant sur le site de la mine de Kalsaka. Les portes et les fenêtres des bâtiments arrachées. Les installations minières démontées, des débris éparpillés sur le sol, de nombreux orpailleurs sur le périmètre entrain de chercher de l’or. La mine de Kalsaka, située dans la province du Yatenga, région du Nord est en ruine en cette journée d’avril 2023.

Une source locale informe que des camions sont venus de Ouagadougou pour embarquer le fer. Pour démonter ce matériel, ils ont eu recours à des gros générateurs et du matériel de soudure pour découper les gros fers, sous le regard de tous.

Tout à commencer avec la reprise du permis d’exploitation par le groupe Baladji en 2020. Le nouveau repreneur n’a jamais pu mener les activités d’exploitation. Les salaires des travailleurs ont été suspendus, notamment les agents de sécurité. Ils ont fini par déserter les lieux. Après leur départ, des pilleurs ont fait des incursions sur le site. La police de la localité a opéré des arrestations en son temps. Le manque de sécurité et les risques de pillage étaient donc connus des autorités locales et nationales.

Le saccage des installations de la mine et le pillage du matériel en 2023 n’ont pas été une surprise pour bon nombre de personnes au niveau local.

Le permis d’exploitation de Kalsaka est actuellement détenu par le groupe de l’indien Baladji de Akoliya Patel. Ce dernier était par ailleurs détenteur du permis de Inata avant son retrait par le gouvernement.

Concernant Kalsaka, le ministère des Mines avait préparé un dossier de retrait pour non-respect de la loi en aout 2022. Le Code minier précise que le retrait du permis peut intervenir après 2 années d’arrêt de la production sans autorisation.

Mais Akoliya Patel avait déjà attaqué l’Etat burkinabè en justice suite au retrait du permis de Inata. Le gouvernement a choisi d’observer une prudence, le temps de connaitre la suite du dossier Inata.  

Kalsaka a une grande histoire. La plus récente date de novembre 1999 date à laquelle, le consortium Cluff Mining LTD (West Africa) et Imar-B a signé une convention minière avec l’Etat burkinabè pour l’exploitation de la mine d’or de Kalsaka. C’est le 4 aout 2004 que le permis d’exploitation sera accordé sur une superficie de 25 Km2. Le permis s’expire le 4 aout 2024. La mine a débuté officiellement sa production le 30 octobre 2008 pour une durée initiale de 6 ans.

Ce consortium va céder la mine au groupe Amara mining par la suite. Mais Kalsaka va connaitre des difficultés de trésorerie et n’arrivait plus à honorer ses créances. En 2011, sa production estimée à 2,447,8 tonnes a baissé à 1,841 tonnes en 2012. Elle a chuté à 1,438 tonnes en 2013. A cette baisse de la production s’ajoute la baisse des cours de l’or en cette période.

Face à toutes ces difficultés financières, Amara Mining a arrêté officiellement ses activités en 2013 avant de déménager en Côte d’Ivoire, mettant au chômage 398 employés dont 361 employés nationaux et 37 non-Nationaux.

Amara Mining qui a versé 1,6 milliard FCFA au fonds de réhabilitation du site va solliciter l’appui du gouvernement pour la réhabilitation du site en vain. Las d’attendre la réponse du gouvernement, Amara Mining va mettre au chômage les travailleurs qu’elle avait gardé notamment les environnementalistes et les agents de sécurité, laissant un désastre environnemental et écologique. La reprise du permis par Baladji qui avait donné un espoir sur la reprise des activités est restée au stade de projet. Baladji ne pourra jamais redémarrer les machines.

Kalsaka devrait figurer dans les priorités du gouvernement de transition. De par sa position géographique, la région du Nord en proie au terrorisme, ce site pourrait servir à financer les actes de terrorisme. Le site de Kalsaka a besoin urgemment d’une sécurisation, un retrait en bonne et due forme et un nouveau repreneur pour l’exploitation.

Pierre Balma

#Mines_Actu_Burkina

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