Lors de la Journée de l’artisan minier (JAM) à Gaoua en Juillet 2023, le Commandant Dindané Philippe en service à l’Office National de Sécurisation des Sites Miniers (ONASSIM) a animé un panel sur la question de la sécurité dans les exploitations minières artisanales. Animé autour du thème « La prévention des conflits dans l’exploitation artisanale », le but du panel était d’exposer les problèmes sécuritaires sur les sites miniersartisanaux et le rôle de l’ONASSIM en tant qu’organe chargé de la sécurisation des sites miniers.
Plusieurs sources ont indiqué que l’activité minière artisanale est impliquée d’une manière ou d’une autre au financement du terrorisme. Pour preuve, des sites miniers ont été attaqués par des groupes armés terroristes. C’est le cas de l’attaque de Solhan (province de Yagha) en juin 2021, de celle de Kougdiguin (Commune de Bouroum) en avril 2022 ou encore celle de Alga dans la province du Bam en juin 2022. Plusieurs autres sites ont connu des attaques mais le manque de statistiques rend difficile l’évaluation.
Des mines fermées à cause du terrorisme
Les mines industrielles ne sont pas en reste. Celles de Nétiana, Ouaré et Youga ont été fermées du fait de l’insécurité. Taparko et Karma ont fermé temporairement à cause des attaques terroristes.
Il faut aussi noter que certains sites artisanaux, pourtant situés dans des localités sous emprise des terroristes, sont épargnés par les attaques. Il n’est donc pas exclu que les artisans miniers de ces sites versent des rentes de gré ou de force aux terroristes. Certains observateurs indiquent que ces sites sont aussi considérés comme de potentiels lieux de retraite des terroristes.
De plus, à la faveur du développement du terrorisme, le grand banditisme a connu un regain d’intensité. Les axes menant aux sites artisanaux sont potentiellement criminogènes car beaucoup d’argent y circulent, attirant ainsi les grands bandits. Le braquage contre un acheteur d’or à Djikando (province du Poni ) en 2021, aurait été à l’origine du conflit soldé par la mort de 9 personnes et la dévastation d’une grande partie du site.
En plus du terrorisme et du grand banditisme, l’insécurité dans les sites miniers est aussi due aux explosions, aux éboulements et aux inondations. A titre d’exemple, on peut citer les cas d’éboulement à Dossi (Commune de Boni) qui a causé 4 morts le 22 octobre 2020, celui de Gassin (Commune de Tougouria) qui a fait 27 morts le 14 octobre 2022 et l’éboulement de Gorin (Commune de Tikaré) le 23 octobre 2022 qui a provoqué 2 morts.
Les explosifs utilisés par les artisans miniers sont stockés dans des conditions qui ne garantissent pas la sécurité et les explosions accidentelles se produisent. Le 21 février 2022, une explosion sur le site de Gongombiro (province du Poni) qui a fait 60 morts et 83 blessés.
Les noyades ne sont pas en reste. Le 15 juillet 2021 à Bantara (Commune de Kampti), 9 orpailleurs sont morts par noyade dans une galerie et 8 sont morts de la même cause sur la mine industrielle de zinc de Perkoa le 16 avril 2022.
En ce qui concerne les incendies, on note plus de 300 morts de 2010 à 2020. Pour la seule année 2022, le nombre de personnes mortes à cause des incendies est supérieur à 140.
ONASSIM a été créé en 2013
Le code minier en son article 135 stipule que l’État assure la sécurisation des sites miniers. Pour mieux lutter contre les diverses formes d’insécurité dans le secteur minier, le gouvernement a procédé en décembre 2013, à la création de l’Office National de Sécurisation des Sites Miniers (ONASSIM). Il est l’instance chargé de veiller à la sécurité des sites miniers au Burkina Faso.
Les tâches de l’ONASSIM sont entre autres d’assurer la protection des sites miniers, notamment les personnes et leurs biens, les infrastructures minières sur toute l’étendue du territoire national ; de maintenir et de rétablir l’ordre public sur le périmètre des sites miniers, d’assurer la sécurité des transferts des produits d’exploitation, des fonds et des personnels des sites miniers en mission, d’assurer la prévention de l’insécurité, notamment à travers des actions de sensibilisation et de concertation avec les intervenants du domaine minier et de lutter contre toutes formes de criminalités sur les sites miniers.
Bien que ses tâches soient nobles, l’ONASSIM depuis sa création, n’a pas encore été opérationnalisé. Cependant, il assure la sécurité de deux sites miniers industriels et mène des activités de sensibilisation et de renforcement des capacités des acteurs du domaine minier.
L’ONASSIM reste un grand défi à un moment où le ravitaillement des mines devient un casse tête.
Youl Georges
#Mines_Actu_Burkina