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Hausse du cours de l’or : Revoir à la hausse le taux des royalties pour profiter de la rente minière

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Entre janvier et juin 2023, le Burkina Faso a produit 27,527 tonnes d’or. Cette production connait une baisse de 9,6% par rapport à 2022, où au premier semestre, 30,441 tonnes d’or ont été produites. Plusieurs raisons pourraient expliquer cette baisse, mais la principale reste l’insécurité, qui impacte négativement l’exploitation minière au Burkina Faso. Les incidents sécuritaires sur des axes routiers menant vers les sites miniers perturbent le transport du personnel et l’approvisionnement en biens et services.

Les investissements dans la sécurisation des sites miniers, dans le transport des travailleurs par voie aérienne et dans la sécurisation des convois d’approvisionnement terrestres augmentent les charges. Mais chaque mine vit les conséquences de l’insécurité à sa manière. Après l’analyse des résultats financiers publiés par les entreprises minières elles-mêmes, on se rend compte que la hausse du cours de l’or sur le marché mondial atténue les impacts de l’insécurité. L’évaluation de l’impact de l’insécurité sur les mines se mesure sur les coûts de production par once d’or. La mine d’Essakane présente les coûts de production par once d’or les plus élevés. Au deuxième trimestre 2023, Essakane a dépensé 1 376 $ pour la production d’une once d’or. Mais la société bénéficie d’un bon cours de l’once d’or à 1 943,6 dollars US, en juin 2023, contribuant à atténuer les coûts élevés de production.

Boungou et Wahgnion ont vu leurs coûts de production grimper au deuxième trimestre, parce que Endeavour, qui les exploitait, a privilégié la vente de ces deux mines à la production pendant la période.  

Outre ces mines, Roxgold présente les coûts de production par once d’or les plus bas avec 719 $. Il en est de même que Orezone dont les coûts de production sont de 1 109 $ au deuxième trimestre 2023. Houndé Gold, qui était à 1 154 $ l’once d’or au premier trimestre, serait à 1 085 $ l’once d’or au deuxième trimestre. Mana, qui a dépensé 1 130 $ par once d’or extraite au premier trimestre 2023, serait à 1 481 $/oz au deuxième trimestre 2023. Enfin, SOMISA a dépensé 1 175 $US pour la production d’une once d’or au deuxième trimestre. Selon les statistiques du ministère des Mines, durant le deuxième trimestre, le cours de l’or a oscillé entre 1810,95 dollars l’once et 2 037 dollars l’once. La différence entre ces coûts de production et le prix moyen de l’or indique que la quasi-totalité des sociétés minières du Burkina Faso engrangent d’énormes bénéfices.

Plusieurs informations publiées par les sociétés elles-mêmes confirment leur bonne santé financière. Certaines réalisent même de gros investissements pour augmenter la production et profiter de la hausse du cours de l’or. D’autres n’hésitent pas à faire de la surproduction, c’est-à-dire, produire plus que prévu dans le planning, pour profiter de la bonne tenue du prix de l’or. Cette surproduction est punie par le Code minier, mais les pénalités sont tellement insignifiantes qu’elles encouragent, à la limite, cette mauvaise pratique qui permet à la société d’extraire le maximum de minerai avant la date prévue.

C’est le Burkina Faso qui perd par ce manque de suivi rigoureux de la production et la faiblesse répressive de la surproduction.

En attendant la relecture du Code minier en ses articles 54 et 55 pour corriger cette insuffisance, le gouvernement dispose d’un levier qu’il tarde à actionner. Il s’agit du relèvement du taux des royalties.

En effet, aux termes du Décret n°2017-0023/PRES/PM/MEMC/MINEFID du 23 janvier 2017, portant fixation des taxes et redevances minières, les royalties sont perçues au Burkina Faso de manière progressive : 3% si le cours de l’or est inférieur à 1.000 dollars l’once ; 4% s’il est compris entre 1.000 et 1.300 dollars l’once ; 5% lorsqu’il dépasse 1.300 dollars l’once.

Depuis 2019, le cours de l’or dépasse les 1900 dollars l’once. Mais la législation ne permet pas de capter la manne occasionnée par cette hausse. Le Burkina Faso ne profitera pas de cette hausse des cours de l’or à cause du plafonnement du taux de perception des royalties à 5%, si le cours de l’or dépasse 1.300 dollars l’once, comme si ce cours ne dépasserait jamais ce niveau. Un projet de texte a été préparé mais jamais adopté. Il est grand temps que les ministères des Mines et des Finances révisent dans les meilleurs délais, ce décret pour revoir à la hausse la taxe sur les royalties au-delà de 1.300 dollars l’once, pour que le pays puisse capter la rente minière dans ce contexte de hausse du cours de l’or. Il peut être envisagé un système progressif : 6% si le cours atteint 1.500 dollars, 7% s’il est à 1.800 dollars, 8 % s’il est à 2.000 dollars. Cette révision qui est même inscrite dans l’agenda de la Transition pourrait permettre au Burkina Faso de capter environ 30 milliards FCFA par an sur les royalties. Les mines qui réalisent des super bénéfices n’auront rien à faire que de se conformer et contribuer à la construction du pays.

Elie KABORE

#Mines_Actu_Burkina

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