Quel est la place des femmes dans le secteur Géo-extractif du Burkina Faso ? Dolly /Kobyagda Tinle R. Estelle, Directrice du suivi de la règlementation et de la production au Ministère de l’Energie, des Mines et des Carrières a donné des éléments de réponse dans une communication présentée le 14 juin 2024 à la faveur de la tenue de la journée porte ouverte de l’Association des femmes du secteur minier du Burkina Faso (AFEMIB).
Le Burkina Faso s’est doté d’une règlementation de son secteur minier dont l’objectif principal est de permettre le développement économique et social.
Le genre a été pris en compte dans cette règlementation générale du secteur minier à travers le volet « droits humains », l’interdiction de distinction de sexes dans l’employabilité et l’attribution d’autorisation et de titres miniers, etc. Malgré tout, le constat n’est guère reluisant.
En 2023, les mines industrielles en exploitation ont employé environ 9351 personnes dont une majorité écrasante d’hommes (8479) et un faible nombre de femmes (872). Les femmes ne représentaient que 9,32 % de l’ensemble global dans ces mines industrielles en 2023, selon Dolly/ Kobyagda Tinle R. Estelle.
Ce taux est disparate en fonction des sociétés. La mine de SOMISA emploie le plus de femmes (121 sur un effectif de 602 personnes), soit 20,09% de femmes. Elle est suivie par la mine de Essakane (282 femmes sur un effectif de 2404), soit un taux de 11,63% et Houndé Gold, 9,6% de femmes.
Les mines de Semafo Boungou (22 femmes), de Semafo Burkina (20 femmes), de Riverstone Karma (13 femmes) et de SOMITA (8 femmes) présentent les faibles effectifs de femmes parmi les employés.
Quelle est la situation des femmes dans les entreprises sous-traitantes des sociétés minières industrielles ? Sur 8 102 emplois créés en 2023 par la sous-traitance, 7 279 étaient des hommes contre 823 femmes, soit 10,15 % de femmes. C’est à Riverstone Karma que les sous-traitants ont le plus employé de femmes (232), suivie de SOMISA (138) et Semafo Burkina (110). A SOMITA, aucune femme ne figure dans l’effectif des sous-traitants.
Le secteur des carrières présente une dominance des hommes. Selon la Directrice du suivi de la règlementation et de la production du ministère en charge des Mines, en 2023, seules 54 femmes ont été enregistrées dans ce secteur contre 1076 hommes sur un effectif total de 1130 personnes. Les femmes ne représentent que 4,7% de l’effectif.
Dolly /Kobyagda Tinle R Estelle n’a pas manqué de citer des exemples de femmes qui assurent avec efficacité, des emplois vus comme masculin. C’est le cas de Awa Marouchat, une vendeuse de lait de bœuf qui est devenue conductrice de dumper à la mine d’Essakane. Son histoire commence en 2011 quand elle a pu suivre avec assiduité les cours théoriques et pratiques jusqu’à l’obtention d’un certificat de compétence qui lui ouvre la voie des engins lourds.
Quant à Aïda Alhamdou, elle a été recrutée comme vigile par une société de gardiennage pour le compte de la mine de Essakane. En 2010, elle est informée d’une formation sur les métiers de la mine. Elle dépose sa candidature qui est acceptée. En janvier 2011, Aïda intègre la mine d’or Essakane comme conductrice du plus grand Dumper de la mine, pouvant transporter 150 tonnes de minerai.
Des bonnes pratiques en matière de projets d’autonomisation des femmes ont aussi été présentées dont la création d’une unité de production de beurre de karité et de savonnerie par la mine industrielle SEMAFO au profit des femmes impactées, le soutien aux femmes de Bagassi pour la production de soumbala et de savon par Roxgold SANU et le fonds fer de la mine d’IAMGOLD Essakane SA qui utilise les ressources issues de la vente du bois recyclé pour financer des projets de développement communautaires des femmes. Une partie des produits issus de ces projets d’autonomisation est livrée auxdites mines moyennant une contrepartie financière.
La présentatrice n’a pas manqué de citer les domaines susceptibles d’intégration du genre dans le secteur minier dont l’instauration d’un quota genre dans les documents de pouvoir de décision (politiques, stratégies, programmes, cadre juridique), la création et la dynamisation d’une cellule ou d’un département genre au sein de l’administration en charge des mines pour assurer l’inclusion du genre et booster la présence des femmes à des postes de responsabilité dans le secteur. Elle a insisté sur la prise de mesures de discrimination positive lors des recrutements et aussi garantir l’égalité d’accès à l’emploi et l’équité salariale, garantir un espace de travail et un équipement et technologie appropriés pour la femme. L’introduction des principes d’égalité et d’équité dans l’élaboration des plans de formation professionnelle pour le personnel et la protection des droits des femmes sur les sites surtout dans l’exploitation artisanale et à petite échelle, sont autant de mesures proposées.
Dans le domaine financier, elle propose d’autonomiser les femmes avec le fonds minier de développement local, d’élaborer un budget genre sensible par les départements mines, d’associer les femmes et les jeunes dans le processus des indemnisations des projets miniers, etc.
Aussi d’autres mécanismes sont à mettre en œuvre tels que l’adoption d’une politique en faveur des femmes enceintes et allaitantes dans le secteur minier, la fixation d’un pourcentage au niveau des achats locaux pour les entreprises de femmes, le développement d’une politique prenant en compte la femme vivant avec un handicap et les personnes âgées, etc.
Pour y arriver, des reformes du cadre juridique et règlementaire et même institutionnel seront nécessaires afin de rendre le secteur minier inclusif pour un développement durable de notre cher pays le Burkina Faso. « Vivement que l’or brille pour toutes les femmes. »
Elie KABORE
Bonjour Monsieur
Je veux rentrer en contact téléphonique avec un membre de votre journal.
Cordialement.