Il n’existe pas de définition universellement et consensuelle de minéraux critiques. Le concept « critique » peut changer au fil du temps, selon les besoins du pays, la disponibilité de l’offre et la valorisation du minerai. Pour le Forum intergouvernemental sur l’exploitation minière, les minéraux, les métaux et le développement durable (IGF) : « Les matières minéraux et métaux qui sont nécessaires à l’énergie renouvelable, aux technologies propres et à notre transition vers un avenir plus durable et à faibles émissions de carbone, sont connues sous le nom de minéraux critiques ». Le centre canadien pour les minéraux critiques définit comme des éléments constitutifs de l’avenir de notre économie verte et numérique.
Minéraux critiques : Importance et bénéfices pour les pays producteurs
Le concept « minéraux critiques » est une expression couramment utilisée de manière interchangeable avec « minéraux stratégiques », ou « minéraux de la transition énergétique ». Ces considérations sont importantes pour que chaque pays puisse déterminer quelle doit être sa stratégie dans ce domaine.
Plusieurs angles aident à appréhender le caractère critique de ces minéraux. Il peut être appréhendé sous l’angle de la sécurité et du contrôle de l’approvisionnement. Lorsque ces minéraux sont très importants du point de vue économique, mais sont rares, cela réduit leur disponibilité et la possibilité pour les pays de les importer. La vulnérabilité de la chaîne d’approvisionnement liée à une rupture d’approvisionnement rend ces minéraux critiques.
Ces minéraux sont critiques du point de vue de la valorisation. L’aspect critique réside dans le fait que les pays qui disposent d’une importante réserve se préoccupent plus d’obtenir un avantage économique dans l’exploitation et la commercialisation sur le marché mondial. Les exportations et les recettes fiscales de plusieurs dépendent en grande partie de leur exploitation.
Environ 19 % des réserves mondiales de métaux entrant dans la fabrication des véhicules électriques alimentés par des batteries se trouvent en Afrique. La République démocratique du Congo possède à elle seule 60 % des réserves mondiales de cobalt. La Zambie est le septième producteur mondial de cuivre, le Zimbabwe est le sixième producteur de lithium, Madagascar et le Mozambique possèdent d’importants gisements de graphite.
Utiles pour la transition énergétique
Parmi les minéraux et métaux critiques, on retrouve les terres rares en ce sens qu’il est très difficile à extraire et les procédés pour les traiter sont complexes.
Ces minéraux sont nécessaires pour la transition énergétique et la réduction des émissions de carbone. L’aspect critique réside dans le fait qu’ils constituent des innovations technologiques d’une part et des nouveaux substituts minéraux nécessaires à la transition vers une économie à faible émission de carbone.
On observe une demande croissante mondiale de minéraux critiques, principalement due à la place qu’ils occupent dans la transition vers les énergies propres. Au fur et à mesure que le monde avance vers l’abandon des énergies fossiles polluantes vers une utilisation des énergies propres à faibles émissions de carbone, le besoin et la dépendance vis-à-vis des minéraux critiques.
Outre les énergies propres, les minéraux critiques entrent dans la fabrication des technologies propres dont les véhicules électriques, les téléviseurs, les téléphones portables et autres dispositifs numériques, ainsi que les éoliennes.
Ces minéraux sont nécessaires à la fabrication des appareils numériques liés aux technologies de l’information. Dans le secteur de la santé, ils sont utilisés pour les thérapies contre le cancer (radiothérapie), les rayons X, les IRM, ainsi que pour la recherche médicale.
Nécessaires à la fabrication des technologies propre et les soins de santé
Le bérillyum est utilisé dans la chirurgie optique. Il dispose de propriétés de résistance au feu, réduisant les niveaux de radiation. Il améliore l’efficacité des radiographies, des scanners et de la mammographie.
Cette demande croissante entraîne une véritable course vers l’exploration, l’extraction, la commercialisation et la transformation afin de créer une valeur ajoutée à des minéraux déjà extraits.
La demande de lithium par exemple sera multipliée par 13 entre 2020 et 2040 et la demande mondiale de graphite (carbone), de cobalt et de nickel a connu une augmentation (multiplié par 20) depuis 2021.
La concurrence dans l’accès de ces minéraux va accroître la pression sur les pays producteurs africains pour qu’ils accélèrent l’octroi des permis d’exploitation.
Quelles sont les principales sources d’approvisionnement ? Les minéraux et les métaux sont extraits dans l’exploitation minières industrielles mais aussi par l’exploitation minières artisanale et à petite échelle. L’exploitation minières artisanale et à petite échelle occupe une place prépondérante. En République démocratique du Congo, entre 15 et 35 % de la production du cobalt se fait de manière artisanale et à petite échelle. Environ 26 % de la production mondiale de tantale provient du secteur artisanal et à petite échelle.
La ruée vers les minéraux critiques est lancée
L’exploitation minière des fonds marins se présente comme une autre source d’exploitation. Elle fait toutefois l’objet de controverse au regard des risques sur la biodiversité.
Enfin, il est aussi possible de récupérer et de recycler des minéraux à partir d’objets déjà en circulation afin de limiter le recours à l’extraction de nouvelles ressources du sous-sol.
Les gouvernements des pays riches en minéraux critiques disposent d’une opportunité pour relever les défis de développement socio-économique qui se posent dans ces pays. Pour ce faire, ils doivent des cadres normatifs et de politiques et améliorer la gouvernance du secteur extractif afin de profiter des opportunités d’investissement du secteur privé, de collecte de nouvelles sources de revenus, de création d’emplois, de partenariats commerciaux, de transfert de savoir-faire, etc. Les pays qui en exploitent doivent veiller à ce que les minerais de transition soient le moteur d’une transition énergétique juste et une révolution technologique pour tous les pays producteurs, et pas seulement les pays développés.
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