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L’AFEMIB souhaite que les femmes puissent bénéficier des opportunités économiques liées aux minéraux stratégiques, selon Lucie Kabré, présidente de l’AFEMIB

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Quel est le nombre de femmes dans le secteur minier ? Quelles sont les difficultés qu’elles rencontrent ? Quelles sont les attentes des femmes vis-à-vis des minéraux stratégiques. Lucie Kabré, présidente de l’Association des femmes du secteur minier du Burkina (AFEMIB), répond à ces questions.

Mines Actu Burkina : Quel est l’état des lieux de la présence des femmes dans le secteur minier ?

Lucie Kabré : Les chiffres disponibles montrent que la présence des femmes dans le secteur minier reste faible. En 2023, sur un total de 9351 employés dans 12 compagnies minières au Burkina Faso, seulement 872 sont des femmes, soit 9,32%. Ce faible pourcentage reflète la sous-représentation des femmes dans un secteur fortement masculin. Cependant, dans le sous-secteur artisanal, une étude de l’ANEEMAS, en 2018, a révélé que 29% des travailleurs étaient des femmes. Cela montre que, bien que leur présence soit limitée, les femmes ont un rôle à jouer dans ce secteur vital de l’économie burkinabè.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les femmes dans ce secteur ?

Les femmes sont confrontées à des défis majeurs, tels que des coûts élevés pour accéder à des formations spécialisées, une sous-représentation dans les postes de décisions, et un accès limité aux bourses et aux ressources financières. Les stéréotypes de genre, la discrimination salariale, et les cas d’intimidation et de harcèlement sont également des obstacles significatifs. Dans les mines artisanales, elles souffrent de conditions de travail précaires, d’un accès limité au foncier et aux équipements, et de vulnérabilité due à l’analphabétisme et à la méconnaissance de leurs droits.

Quels sont les défis que le Burkina Faso doit relever pour favoriser une bonne représentativité des femmes dans le secteur minier ?

Il faut garantir l’accès des femmes à l’éducation et à la formation technique, promouvoir l’égalité des opportunités et lutter contre les discriminations sexistes, faciliter l’accès aux ressources financières et aux équipements pour les femmes artisanes, améliorer les conditions de travail et promouvoir la discrimination positive dans les recrutements, reconnaître et célébrer les contributions des femmes dans le secteur et renforcer les lois et politiques protégeant les droits des femmes, et offrir un soutien juridique et des services de conseil.

Quelles sont les principales activités que l’AFEMIB a menées au cours des dernières années ?

L’AFEMIB est une organisation de la société civile burkinabè, regroupant des femmes et jeunes du secteur minier. Elle œuvre pour réduire les inégalités de genre dans ce secteur. Avec environ 130 membres répartis sur tout le territoire, l’AFEMIB est aussi membre fondateur du réseau WIMOWA et de AWIMA, et participe activement dans divers comités stratégiques, comme le comité de pilotage de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE-BF), le Comité national de répartition du Fonds minier de développement local (FMDL), etc.

L’AFEMIB a mené des activités de sensibilisation sur les problématiques liées à l’orpaillage, comme la santé, la sécurité et l’environnement. Elle a également mis en œuvre des projets d’AGR pour les femmes artisans miniers et les communautés impactées, tels que le maraîchage, l’élevage et la production de beurre de karité, du soumbala, etc. En outre, des fonds de garantie ont été créés pour faciliter l’accès aux crédits. L’AFEMIB a également renforcé les capacités techniques de ses membres, ainsi que les bénéficiaires de ses projets, à travers des formations en entrepreneuriat, en éducation financière, en leadership, genre et développement, la RSE, genre et cohésion sociale.

Pouvez-vous nous faire le point sur le plaidoyer de l’AFEMIB pour que 30% des ressources du FMDL reviennent aux femmes ?

Depuis 2018, l’AFEMIB mène une campagne de plaidoyer pour que 30% des ressources du FMDL soient allouées aux femmes. Malgré des promesses de soutien de la part des décideurs, l’absence de textes spécifiques a été un obstacle. En 2024, un guide d’utilisation du FMDL a été élaboré, mentionnant l’usage du fonds pour les activités génératrices de revenus des femmes et des jeunes, mais sans préciser de pourcentage. L’AFEMIB continue de plaider auprès des décideurs pour obtenir gain de cause.

Le thème de la SAMAO 2024 porte sur les minéraux critiques. Quelles sont les attentes de l’AFEMIB pour les femmes ?

L’AFEMIB espère mieux comprendre la stratégie définie par le Burkina Faso en matière d’exploitation des minéraux critiques, afin de se positionner pour promouvoir et valoriser ces ressources. L’association souhaite également que les femmes soient pleinement impliquées dans cette démarche, afin qu’elles puissent bénéficier des opportunités économiques liées à ces minéraux.

L’AFEMIB reste engagée à promouvoir la participation active des femmes dans le secteur minier, en particulier, dans les discussions sur les minéraux critiques. J’encourage toutes les parties prenantes à soutenir les initiatives visant à autonomiser les femmes, à travers la formation et l’accès aux financements.

Interview réalisée par Pierre Balma

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