Il revient, dans une interview accordée à Mines Actu Burkina, sur ses premiers mois à la tête de l’entreprise, leader de la production d’or en Afrique de l’Ouest et acteur économique de premier plan au Burkina Faso.
Mines Actu Burkina (MAB) : Vous avez été nommé Président-Directeur général (PDG) du Groupe Endeavour Mining en janvier 2024. Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre cette décision ?
Ian Cockerill (IC) : En janvier dernier, le Conseil d’administration m’a proposé d’assumer le rôle de PDG d’Endeavour Mining. Ayant siégé au Conseil d’administration entre 2013 et 2019, puis à partir de 2022, je connaissais bien l’entreprise et je savais qu’elle disposait de fondamentaux solides, notamment, un vivier de talents et un portefeuille d’activités et de projets d’exploration de qualité. Ma décision a été guidée par ma conviction profonde en l’avenir prometteur de la société et des défis intellectuels et professionnels que ce poste représentait. Après dix mois passés à la tête d’Endeavour Mining, je ne regrette absolument rien.
MAB : Endeavour Mining opère en Afrique de l’Ouest depuis plus de 10 ans, quels sont les principaux défis et opportunités de cette région ?
IC : Le partenariat d’Endeavour Mining avec l’Afrique de l’Ouest continue de se renforcer, et nos succès futurs reposent sur notre capacité à poursuivre notre développement dans cette région, qui comporte son lot de défis, mais présente également de nombreux atouts.
L’Afrique de l’Ouest, reconnue pour son fort potentiel minier, permet à des projets de voir le jour en un temps record, grâce à une main d’œuvre qualifiée et au soutien des autorités et de nos communautés hôtes. Au cours des huit dernières années, Endeavour Mining a ainsi découvert plus de 18 millions d’onces d’or à un coût inférieur à 25 dollars par once, l’un des plus compétitifs du secteur.
Je suis également convaincu que l’industrie minière peut générer des bénéfices durables pour toutes les parties prenantes, qu’il s’agisse des gouvernements, des communautés locales, des employés ou des sous-traitants. Cela nécessite de bien comprendre comment et où nos actions peuvent avoir un impact positif, tout en bâtissant des relations basées sur le respect et la confiance avec nos partenaires. Endeavour Mining se distingue, notamment, par son engagement envers le contenu local — 88% de nos achats sont, par exemple, réalisés auprès de fournisseurs burkinabè — ainsi que par ses projets communautaires ayant un fort impact social.
Enfin, le secteur minier est un puissant moteur pour le développement des compétences locales. Aujourd’hui, près de 95 % de nos employés sont originaires de la région, dont environ 60 % occupant des postes de management. Nous sommes particulièrement attachés et engagés à former et faire émerger les talents africains de demain.

MAB : Pouvez-vous nous parler de vos activités au Burkina Faso et de ce qu’elles apportent sur le plan socioéconomique à vos zones d’activités et au pays ?
IC : Endeavour Mining est l’un des principaux acteurs économiques privés du Burkina Faso. Nous sommes présents dans le pays depuis plus d’une dizaine d’années et avons contribué à hauteur de 150 milliards FCFA au Budget de l’État sous forme d’impôts, de taxes et de redevances minières, rien qu’en 2023. Nous employons plus de 3 500 personnes dans le pays, dont 96% de nationaux, incluant nos employés et sous-traitants.
Nous sommes particulièrement fiers de notre contribution au renforcement de la résilience des communautés locales autour de nos mines de Houndé et Mana. Par exemple, nous soutenons de nombreuses initiatives visant à valoriser leurs savoir-faire et à promouvoir leur autonomisation économique en transformant et commercialisant des produits locaux tels que le miel, le Soumbala, le pagne Koko Donda et le savon.
La mine de Houndé occupe une position stratégique dans notre portefeuille, avec un fort potentiel d’exploration, tandis que la mine de Mana, unique mine souterraine du Groupe, représente un véritable « laboratoire d’excellence » pour le développement de notre expertise souterraine. Elle permet de former des talents locaux qui, demain, contribueront à renforcer notre expertise dans ce domaine.
Notre ambition est de demeurer un partenaire de confiance, contribuant à un avenir prospère pour le Burkina Faso et son peuple. Notre modèle de développement repose sur trois piliers fondamentaux : la création de communautés résilientes et autonomes, la protection de l’environnement et une gouvernance solide.
MAB : Endeavour Mining a mis fin au différend l’opposant à Lilium Mining au sujet de la vente de ses mines de Boungou et Wahgnion, à la suite de la cession de ces mines à l’Etat. Pouvez-vous nous parler du rôle de l’État dans cette affaire ?
IC : En août dernier, l’État burkinabè a participé à la signature de convention mettant fin au différend qui opposait Lilium et Endeavour Mining concernant la transaction des mines de Boungou et Wahgnion. L’accord prévoit que Lilium transfère la propriété des deux mines à l’État et qu’Endeavour Mining reçoive en contrepartie une compensation financière de 60 millions de dollars, ainsi qu’une redevance de 3% jusqu’à 400 000 onces d’or vendues par la mine de Wahgnion. Les paiements sont à ce jour effectués, conformément à l’échéancier décrit dans la convention. Sur la base de cet accord, les procédures judiciaires engagées par les deux sociétés ont été abandonnées. L’État burkinabè a joué un rôle important de médiation pour aboutir à une issue favorable pour le Burkina Faso. Je tiens ici à les en remercier.
MAB : Début octobre, le Président Traoré s’est exprimé sur plusieurs sujets, notamment, la corruption, la sécurité et l’exploitation minière, y compris une référence à certains permis d’exploitation minière qui pourraient être révoqués. Que répondez-vous à cela ?
IC : Endeavour Mining est un partenaire de longue date du Burkina Faso et, au fil des années, nous avons établi, grâce à nos équipes, des relations de respect et de confiance avec les autorités. Nous pensons que l’État reconnaît notre contribution socioéconomique pour le pays, et nous collaborons sur de nombreux sujets. Nous comprenons que la révocation de certains contrats miniers vise principalement les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations, ce qui n’est pas notre cas.
Interview réalisée par Elie KABORE






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