En 2023, seulement 1,2% des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Burkina Faso sont soumises à une tarification positive à travers un Taux effectif Carbone net (ECR), selon l’OCDE (2024). Le pays ne pratique pas encore de tarification explicite du carbone, mais des taxes d’accises sur les carburants constituent une forme implicite de tarification, couvrant 10,5% des émissions de CO2 liées à l’utilisation d’énergie. Cette tarification concerne presqu’exclusivement le secteur du transport routier, qui est l’un des rares secteurs à contribuer à la tarification des émissions de CO2. Toutefois, les subventions aux combustibles fossiles couvrent 11,9% des émissions, ce qui annule en partie l’effet des taxes carbone implicites, entraînant des ECR nets négatifs dans plusieurs secteurs. En moyenne, le Taux effectif Carbone net s’élève à moins de 20,95 euros (soient 13 742FCFA) par tonne de CO2e. La taxe sur les carburants est de 5,5 euros (soient 3 608FCFA) par tonne de CO2e et les subventions aux énergies fossiles à 26,45 euros (soient 17 350FCFA) par tonne de CO2e.
Aucune part des émissions de GES au Burkina Faso n’est soumise à une tarification supérieure à 60 euros, (soient 39 357FCFA) par tonne de CO2e, un seuil souvent utilisé comme estimation des coûts actuels du carbone. La Stratégie nationale REDD++3 (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts), publiée en 2022, reflète cette volonté en explorant divers mécanismes visant à réduire les émissions de GES à travers des projets de conservation et de reforestation, promouvoir des incitations financières pour des pratiques durables, préparer l’intégration de mécanismes de tarification du carbone, renforçant ainsi la résilience climatique du pays.
L’objectif fixé est de réduire les émissions de 31 682,3 Gg CO2éq1 d’ici 2030, représentant une diminution de 29,42% par rapport aux projections en l’absence de mesures correctives.
Les mécanismes potentiels de tarification du carbone sont, entre autres, l’intégration de la REDD+ et la compensation carbone. Le Burkina Faso participe activement au programme REDD+, qui permet de générer des crédits carbone en réduisant les émissions liées à la déforestation et à la dégradation forestière. Ce mécanisme compense les émissions de GES par des projets de conservation, reboisement et gestion durable des forêts, apporte des incitations financières aux communautés locales pour préserver les écosystèmes forestiers, contribue au développement durable et à la lutte contre la pauvreté, tout en assurant la protection des ressources naturelles.
Les revenus issus des crédits carbone peuvent être réinvestis dans des projets communautaires et des initiatives de restauration écologique, augmentant ainsi les bénéfices socioéconomiques du secteur extractif et forestier
Il est donc indispensable de mettre en place une taxe carbone ou de systèmes d’échange de quotas. En effet, bien qu’aucune taxe carbone ni un système de plafonnement n’ait été instauré à ce jour, plusieurs options sont envisagées. Les industries pourraient être taxées en fonction de chaque tonne de CO2 émise, créant ainsi une incitation directe à réduire leurs émissions. La mise en place d’un système de quotas d’émissions échangeables (ETS), un mécanisme permettant d’attribuer aux entreprises des quotas d’émissions, échangeables sur un marché national ou régional. Les entreprises dépassant leurs quotas pourraient acheter des crédits auprès de celles ayant réduit leurs émissions.
Synthèse de Elie KABORE sur la base du rapport ITIE-BF 2023