
Le 30 septembre 2025 a marqué les 3 ans d’accession à la Présidence du Faso par le Capitaine Ibrahim TRAORÉ. Quel bilan peut-on en faire de ses trois dans le secteur minier ?
Sous le magistère, du Capitaine Ibrahim TRAORÉ à la présidence du Faso, le Burkina Faso a enregistré d’importants acquis dans le secteur minier en 3 ans. Des réformes législatives, règlementaires et institutionnelles ont permis de percevoir l’apport de ce secteur dans le développement du Burkina Faso. Mines Actu Burkina propose quelques points importants.
Les plus importantes réformes ont été opérées dans le cadre législatif. L’Assemblée législative de la Transition a adopté la modification de loi portant code minier le mardi 25 juillet 2023. Cette modification a porté surles articles 26 et 30 du Code minier portant sur le Fonds minier de développement local (FMDL). Initialement affecté au financement des plans communaux et régionaux de développement, la modification a permis de reverser une partie des ressources au Fonds de soutien patriotique (FSP).
Les réformes législatives et réglementaires
Le gouvernement a ensuite soumis à l’Assemblée législative de Transition, 2 projets de lois qui ont été adoptés le 18 juillet 2024 dotant ainsi le Burkina Faso d’un nouveau Code minier et une première loi sur le contenu local dans le secteur minier. Ces 02 nouvelles lois ont introduit de nombreuses innovations pour le secteur extractif.

Le nouveau Code minier émane de la volonté du Président Ibrahim Traoréde disposer d’un instrument juridique solide et actualisé permettant de mieux encadrer le secteur minier et générer des recettes au profit du gouvernement.
Il a introduit de nombreuses innovations souverainistes et révolutionnaires pour le secteur extractif dont la constitution de la réserve nationale d’or, l’augmentation de la participation de l’Etat dans le capital des sociétés minières qui passe de 10 à 15%, la possibilité pour l’Etat de percevoir ses dividendes prioritaires en nature, l’obligation faite aux sociétés d’exploitation industrielle de transformer ou de valoriser au moins 50% de leur production sur le territoire national. Il a aussi introduit des dispositions sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Toutes personnes visées par des sanctions financières en lien avec le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ne peuvent pas être attributaires de titres miniers.
Le droit de préemption de l’Etat s’est élargi à la cession de titres miniers, à la commercialisation de l’or et aux autres substances minérales d’exploitation industrielle, semi mécanisée et artisanale.
La durée de dispenseaccordée aux entreprises d’exploitation minière pour les travaux préparatoires pour la mise en exploitation du gisement a été réduite. Obligation est désormaisfaite aux entreprises d’exploitation minière d’ouvrir leur capital social aux investisseurs burkinabè.
Le Code a aussi supprimé les avantages fiscaux et douaniers accordés aux sociétés minières pendant la phase d’exploitation et a interdit d’exporter l’or de production semi-mécanisée, etc.
Le gouvernement a profité de la révision du Code minier pour introduire des dispositions sur l’exploitation artisanale. Il a réservé l’exploitation artisanale exclusivement aux Burkinabè et a défini des couloirs d’exploitation artisanale, réservés exclusivement à l’exploitation artisanale.
Quant à la loi sur le contenu local, elle a réaffirmé le principe de préférence nationale pour l’emploi et l’acquisition des biens et services. Elle oblige les sous-traitants étrangers de créer une société de droit national dont une part du capital est réservée aux investisseurs nationaux. Les mines doivent soumettre un plan de développement des compétences des cadres nationaux pour le remplacement progressif du personnel expatrié, respecter les quotas progressifs d’emplois locaux selon les échelons de responsabilité, déposer un rapport annuel de l’état d’exécution de la formation, d’emploi et de promotion des nationaux. La loi encadre l’exercice de l’activité d’affinage de l’or et des autres substances précieuses et créé un fonds de développement du contenu local.

Plusieurs textes d’application de ces 2 lois, rédigés par des Burkinabè, ont déjà été signés. L’application de ces textes profitent au Burkina Faso. C’est le cas du décret sur les taxes et redevances minières qui a revu à la hausse le taux de perception des royalties, le décret sur la réhabilitation qui va permettre un démarrage effectif de la réhabilitation des sites miniers.
Une meilleure maitrise de la commercialisation de l’or
Sur le plan de la commercialisation de l’or et des autres substances précieuses, la création de la Société nationale des substances précieuses (SONASP) le 24 octobre 2023 sous la forme d’une société d’Etat sonne comme une rupture avec l’ancienne pratique. La SONASP est un comptoir public d’achat et un guichet unique d’exportation de l’or. Outre la commercialisation, elle s’occupe également de la transformation avec la possibilité de se doter d’une raffinerie. La création de la SONASP met fin à la privatisation de la commercialisation depuis les années 90 ; une privatisation qui avait favorisé la fraude à grande échelle. Le commandant Sougrinoma Basile Zongo est le Directeur général de la SONASP.
Afin de permettre à la SONASP de racheter l’or produit artisanalement, le gouvernement a pris une mesure le 20 février 2024 interdisant l’exportation de l’or issu des sites artisanaux et des sites semi-mécanisés.
La SONASP s’est décentralisée en ouvrant des guichets à Bobo-Dioulasso, Gaoua et Banfora pour s rapprocher des artisans miniers.
Outre l’or de production artisanal, la société collecte l’or des mines industrielles. Pour faciliter la collecte d’or des sociétés minières, la SONASP a signé des conventions d’achat d’or avec les sociétés minières industrielles.
La mise de la SONASP a permis d’accroitre la quantité d’or artisanale, contribuant ainsi à la lutte contre la fraude.
Au total, elle a connecté 22,703 tonnes kg d’or en 2024 acheté dont 8,094 tonnes d’or de la production artisanale et semi mécanisée et 14,608 tonnes de la production industrielle.
Au premier semestre 2025, la collecte de la SONASP se chiffre à 29,700 tonnes d’or, dont 6 tonnes de production industrielle et 23,700 tonnes de production artisanale et semi-mécanisée.
Mise en place de l’usine de traitement des résidus miniers
Le 23 janvier 2024, le capitaine Ibrahim Traoré a inauguré l’usine de traitement des résidus miniers de la société Golden Hand SA. Le capital de la société est détenu à 40% par l’Etat burkinabè et le reste par des privés nationaux. La SONASP porte les parts de l’Etat dans le capital de Golden Hand et son directeur général assure la présidence du conseil d’administration. L’usine traite les résidus miniers des sociétés industrielles et des sites d’orpaillage pour extraire le maximum d’or.
Cette unité de traitement des résidus miniers a traité et a remis le 10 décembre 2024 au gouvernement, 44 lingots d’or équivalant à 93,196 kilogrammes provient du traitement d’une partie du charbon fin remis par IAMGOLD ESSAKANE SA à l’Etat burkinabé suite à l’accord dans l’affaire dite du « Charbon fin » qui les opposait.
Construction d’une raffinerie
L’idée de la construction de la raffinerie a été officialisée en décembre 2022 par l’ex ministre des Mines, Simon Pierre Boussim. Il a déclaré en son temps : « Avoir reçu des instructions du capitaine Ibrahim Traoré pour mettre en place une unité de raffinage de l’or du Burkina Faso. A travers cette raffinerie, le gouvernement voudrait connaitre les volumes exactes et les teneurs en or des sociétés minières du Burkina Faso ».
L’information a été confirmée par le capitaine IbrahimTraoré lui-même au cours d’une interview diffusée sur la télévision nationale, le 3 février 2023.
Le lancement des travaux de construction de la raffinerie nationale d’or est intervenu le 23 novembre 2023. La raffinerie aura une capacité d’affinage de 400 kilogrammes/jour, soit 145 tonnes d’or par an. Outre la raffinerie, le projet se veut un complexe avec une bijouterie, des magasins de stockage, des locaux de sécurité, des bâtiments administratifs dont le futur siège de la SONASP.Le Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a indiqué à la cérémonie de lancement des travaux de construction de la raffinerie : « Pendant longtemps, le Burkina Faso n’avait pas le contrôle sur son or. Aujourd’hui, nous avons décidé de mettre toute une chaîne en place. Nous voulons exploiter l’or nous-mêmes. Avec l’usine de raffinerie, il ne s’agira plus pour nous d’amener notre or à l’extérieur pour raffiner. Nous le raffinerons sur place et nous saurons quelle est la teneur réelle de l’or brut qui sort ».
Acquisition de mines industrielles par l’Etat
L’affirmation de la souveraineté nationale a été matérialisée par l’acquisition de grandes mines industrielles par l’Etat. Pour faciliter ces acquisitions, il a créé la Société de Participation minière du Burkina Faso (SOPAMIB) en juillet 2024. Elle est une société d’Etat dotée d’une autonomie de gestion avec pour mission de percevoir des dividendes des sociétés minières, promouvoir la prise de participation de l’Etat dans les sociétés minières et de carrières, développer des projets miniers nationaux. A travers la SOPAMIB, l’Etat burkinabè a acquis le 24 août 2024 par cession directe d’actions et de parts sociales les actifs miniers détenus par les sociétés minières d’exploitation industrielle de Wahgnion Gold SA et SEMAFO Boungou SA et les sociétés de recherche Ressources Ferké SARL, Gryphon Minerals Burkina Faso SARL et Lilium Mining services Burkina Faso SARL. Il revient également à la SOPAMIB de poursuivre l’exploitation des mines de Taparko et Salam mining qui ont été retirées au profit de l’Etat.
Une meilleure surveillance des opérations minières
Une des avancées dans le secteur minier est la meilleure surveillance des opérations minières par l’Etat.Avant, les sociétés minières assuraient le transport et la prise en charge des frais de mission des agents de l’Etat chargés de lapesée-colisage de l’or au Burkina Faso.
Mais le vent de la révolution a soufflé sur cette pratique. Désormais, l’Etat assure leur prise en charge. Pour faciliter la pratique, un protocole a été signé entre le ministre en charge des mines, Yacouba Zabré GOUBA et les sociétés minières, le 19 avril 2024. Ce protocole est relatif à la participation des agents de l’administration minière à la coulée et à la pesée, au colisage et au contrôle de la qualité et de la quantité de l’or et des autres substances précieuses de production industrielle. Au cours des coulée, le Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina (BUMIGEB) procède au prélèvement d’échantillons comme mentionné dans le protocole à des fins d’analyse. Ainsi, le BUMIGEB pourra disposer de données sur les sociétés minières et cela permettra à l’Etat aussi d’avoir une base de contre-expertise.

Constitution d’actifs miniers, un acte d’assainissement
Le gouvernement a constitué un stock d’actifs miniers composés de permis renoncés, des permis retirés pour diverses raisons, des permis abandonnés, des permis non renouvellement à la fin de leur délai de validité, etc. Ces permis sont devenus des propriétés de l’Etat.
Au-delà des titres miniers et/ou autorisations retirés, renoncés ou arrivés à expiration, les actifs miniers s’étendent aux biens, données minières, équipements.
Un décret sur les conditions d’accès aux actifs miniers de l’Etat a été pris et permet une meilleure gestion de ces actifs. Cette mesure sur les actifs miniers est une mesure d’assainissement du cadastre minier et va surtout permettre une augmentation des recettes de l’Etat.
Pour le premier semestre 2025, le gouvernement a procédé à identifié 70 titres miniers dans les actifs de l’Etat, selon le bilan fait par la session extraordinaire du Conseil d’Administration du Secteur Ministériel (CASEM) tenue le vendredi 29 août 2025.
Constitution de la réserve d’or et formalisation des artisans miniers en coopérative
Dans un bilan fait à la télévision nationale en octobre 2025, le ministre de l’Energie, des Mines et des Carrières, Yacouba Gouba a évoqué la constitution nationalede la réserve d’or. En effet, en application du Code minier de 2024 qui a mis en place cette réserve nationale, un décret règlemente les modalités de sa constitution. Il est constitué des versements en or des dividendes prioritaires dus à l’Etat, de la vente de tout ou une partie de la production à l’Etat, le paiement en or des condamnations pécuniaires prononcées conformément à la règlementation en vigueur, le versement en or de la part dévolue à l’Etat dans les contrats de partage de production sur les actifs miniers de l’Etat cédés à des investisseurs dans le cadre de la convention négociée, la mise à disposition de l’Etat des masses constituées par les haldes et terrils de mines, etc.
Pour ce qui est du sous-secteur de l’artisanat minier, le ministère des mines a entamé et poursuit le processus de formalisation des artisans miniers en coopérative. Au moins 5 coopératives ont déjà été constituées sous l’égide du ministère des mines qui les accompagne à travers des conventions.
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