Mahamadi Sebogo est journaliste et Chef du Desk Economie et Finances, au quotidien burkinabè Sidwaya. Il a participé à du 17 au 28 juillet 2023 à Yaoundé, à la 12eme Session de l’Université d’été sur la Gouvernance des Industries Extractives, organisée par le Centre d’Excellence pour la Gouvernance des industries Extractives en Afrique Francophone (CEGIEAF) de l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC), avec le soutien de Natural Resource Gouvernance Institute (NRGI). Dans cette interview, il revient sur les acquis de la formation.
Mines Actu Burkina : Présentez-vous à nos lecteurs
Mahamadi Sebogo : Je suis Mahamadi Sebogo, journaliste, Chef du Desk Economie et Finances, au quotidien burkinabè Sidwaya. Je m’intéresse aux sujets liés à l’économies, aux finances, à l’environnement et au climat. Le secteur minier constitue également un centre d’intérêt pour moi. Ce qui est normal parce que le Burkina Faso est un pays minier, qui fait partie des cinq premiers producteurs d’or du continent africain.
Vous avez participé à l’université d’été sur la Gouvernance des industries Extractives en Afrique Francophone. Expliquez-nous l’université d’été en quelques mots.
Ces universités d’été sont un programme de renforment de capacités des acteurs de la gouvernance du secteur extractif, notamment minier, pétrolier et gazier. Elles sont organisées par l’Université Catholique d’Afrique Centrale de Yaoundé à travers son Centre d’Excellence pour la Gouvernance des industries Extractives en Afrique Francophone (CEGIEAF), avec l’appui de son partenaire historique qu’est Natural Resource Gouvernance Institute (NRGI). Organisé chaque année à Yaoundé, au Cameroun, ce programme de formation s’étale sur deux semaines et porte sur plusieurs thématiques en lien avec les enjeux et les défis de la gouvernance du secteur extractif africain, y compris les perspectives. Les formations sont assurées par des experts de métier d’Europe et d’Afrique. En un mot, ces Universités d’été constituent un cadre idéal de capacitation des acteurs de la gouvernance du secteur africains, en l’occurrence les organisations de la société civile, les administrations publiques minières et fiscales, les parlementaires, les journalistes, les ONG de développement. Elles permettent aux participants d’avoir une vue holistique sur le secteur extractif africain et des enjeux et défis y relatifs.

Comment participe-t-on aux sessions ?
Chaque année, la participation aux Universités d’été sur la gouvernance des Industries Extractives en Afrique Francophone se fait par appel à candidature. Ainsi, j’ai soumis ma candidature en début d’année, et cela grâce à une ancienne bénéficiaire du programme et ancienne collègue de Sidwaya, en la personne de Eliane Somé, qui m’a communiqué le lien de l’appel à candidature du programme, qui est à sa 12e session cette année. Ma candidature a été appuyée par une lettre de recommandation de la Directrice générale des Editions Sidwaya, Assétou Badoh.
J’ai d’abord été présélectionné comme d’autres candidats ; ce qui nous a permis de suivre trois mois de travaux préparatoires en distanciel, à l’issue desquels nous avons été définitivement admis à prendre part à la présente session qui se déroule du 17 au 28 juillet 2023, à Yaoundé, au sein de l’Université Catholique d’Afrique Centrale. Sur 122 candidatures issues de plusieurs pays d’Afrique francophone, nous sommes 24 de profils divers, venant de 9 pays à savoir le Burkina Faso, le Cameroun, la Guinée, la Mauritanie, la République Démocratique du Congo, le Congo, le Sénégal, le Tchad et le Togo, à être retenus pour le programme de cette année.
Je rappelle que je ne suis pas à ma première candidature, j’avais postulé à ce programme en 2019. A l’époque, je n’avais pas suffisamment d’éléments pour soutenir ma candidature ; puisqu’il fallait apporter la preuve que tu t’intéresses au secteur minier. Et moi, je venais de commencer ma jeune carrière de journaliste, j’avais à peine un an dans le métier ! Il n’était donc pas évident de fournir suffisamment de productions journalistiques pour soutenir ma candidature, en dehors de quelques articles de comptes rendus d’ateliers. Cette année, j’ai soumis mon dossier de candidature avec une plus d’une vingtaine d’articles (reportages, analyses, interviews, etc.) sur le secteur minier burkinabè. Et je pense que l’ensemble de ces productions journalistiques et la lettre de recommandation de ma Directrice générale ont beaucoup pesé dans ma candidature.
Quel est le contenu de la formation ?
Pour ce qui est du contenu de la formation, il faut le souligner, nous avons eu droit à un programme très riche et varié, qui touche tous les pans de l’industrie minière : du potentiel minier, pétrolier et gazier du continent à l’exploitation, en passant, entre autres, par la décision d’extraire, la gestion des contrats et des revenus miniers, la chaine de valeur de l’industrie extractive, la prise en compte des intérêts des communautés locales. Plus concrètement, les modules de formation ont porté sur l’économie politique des industries extractives, la vision minière africaine de l’Union Africaine et sa domestication, le cadre juridique des conventions minières, la fiscalité minière, pétrolière et gazière, les incitations, exonérations et échappatoires fiscaux, le contenu local, le suivi des obligations légales et contractuelles, le genre et le secteur extractif. A ces modules s’ajoutent la répartition des revenus miniers, les enjeux et défis de la transition minière pour les industries extractives en Afrique, la gouvernance des minerais de transition, la transition énergétique et la mobilisation des ressources intérieures, l’indice de gouvernance des ressources naturelles, le diagnostic de la corruption dans le secteur extractif, les initiatives internationales et régionales de transparence et de bonne gouvernance, les flux financiers illicites dans le secteur minier, etc.
Ces différents modules sont dispensés par des experts maitrisant parfaitement leurs sujets. Ils viennent de l’Angleterre, de la France, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Guinée Conakry, de la République Démocratique du Congo (RDC), du Sénégal.
Outre les experts-formateurs, les participants ne sont pas des novices du secteur. Ils sont des acteurs terrain de la gouvernance du secteur extractif africain. Ils ont partagé les expériences de leurs pays respectifs. Et cela a contribué à renforcer la qualité la formation, du contenu des échanges et discussions durant ces semaines de capacitation. En tant que journaliste, tout ce monde (participants et formateurs) constitue un important réseau d’experts pour nos besoins d’éclairage et productions journalistiques sur la gouvernance des industries extractives, la transition énergétique.

Quels sont les aspects que lesquels tu as le plus appris ?
Il faut dire que tous les modules sont aussi importants les uns que les autres, d’un intérêt capital pour tout acteur qui s’intéresse à la gouvernance du secteur extractif en Afrique, surtout pour nous les journalistes. Et nous nous sommes concentrés pour tirer profit du maximum de connaissances tout au long des différentes sessions. Cela dit, la fiscalité minière, les enjeux et défis de la transition énergétique, la gouvernance des minerais de transition pour l’Afrique, le contenu local, la gestion des contrats miniers, les flux financiers illicites, les initiatives de transparence, l’indice de gouvernance des ressources naturelles sont autant de thématiques qui ont le plus retenu notre attention.
Comment comptes-vous mettre en pratique ce que vous avez appris ?
Cette formation a considérablement amélioré nos connaissances sur le secteur minier. Et cela doit dorénavant se ressentir sur notre travail de traitement l’information minière, sur le rendu de nos productions journalistiques sur le secteur extractif burkinabè, et partant africain. En tant que journaliste, nous allons donc réinvestir les connaissances acquises à travers des articles de fond (reportages, enquêtes, analyses, interviews) sur le secteur, à l’effet de contribuer à faire de ce secteur une locative du développement durable de nos pays. Pour ainsi remplir la mission sociale qui s’attache à notre métier mais aussi pour donner satisfaction à ceux qui ont eu la lumineuse idée de mettre en place ce programme et ceux qui y injectent des ressources et leurs énergies.
Un dernier mot ?
Mon dernier mot est un mot de remerciement à l’Université Catholique d’Afrique Centrale de Yaoundé, à travers son Centre d’Excellence pour la Gouvernance des industries Extractives en Afrique Francophone (CEGIEAF) et son partenaire, Natural Resource Gouvernance Institue (NRGI), pour l’initiative de ce précieux programme et pour l’opportunité qu’ils nous ont donné de prendre part à cette 12e session des Universités d’été sur la gouvernance des industries extractives en Afrique Francophone. Certes, nous n’avons pas toujours cette culture d’investir dans la formation continue, mais il peut arriver que la volonté soit là mais les moyens pour le faire manquent. Avoir la chance que des institutions investissent en votre capital humain, nous ne pouvons que remercier ces organisations que sont l’UCAC et NRGI. Il faut le rappeler, pour cette formation, nous sommes bénéficiaires d’une bourse entière d’une valeur de 3 500 dollars, soit plus de 2 millions F CFA, qui prend en compte le billet d’avion, les frais de formation, la restauration et l’hébergement. Nous profitons de vos colonnes pour leur traduire notre profonde et sincère reconnaissance. Sans oublier notre hiérarchie qui a bien compris l’intérêt de cette formation et qui nous a permis d’être là durant ces deux semaines. Nous prenons l’engagement d’œuvrer à mériter cette confiance placée en notre modeste personne !
Intevriew réalisée par PB
@Minesactubf