Le Comité national de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (CN-ITIE) de la République de Mauritanie vient de publier son rapport national ITIE 2022. A la faveur de cet évènement, Minesactu.info a donné la parole à Abdoullah Diop, Secrétaire permanent de ITIE Mauritanie. Il donne un bref aperçu du secteur minier de la Mauritanie, présente la nature des minerais exploitée, les données clés du secteur minier de ce pays. Il aborde les réformes majeures apportées par le CN-ITIE dont le DataWarehouse qui permet de publier les rapports en un temps record.
Mines Actu Burkina : Pouvez-vous présenter brièvement le secteur minier en Mauritanie ?
Abdoullah Diop : Avec plus de 13 millions de tonnes exportées en 2021, la Mauritanie est l’un des plus importants exportateurs africains de minerai de fer. Les deux autres principales ressources minières sont l’or et le cuivre. Le pays produit également du ciment, du gypse, du quartz, du sel et pourrait bientôt produire de l’Uranium.
En 2022, le secteur extractif a fourni environ 30% des recettes budgétaires de l’Etat, générant 25,762 milliards MRU (environ 412 milliards FCFA), soit une progression de 17% par rapport à l’exercice précédent. Le secteur, principalement les mines, emploie moins de 1% de la population active, avec 9165 emplois directs.
En quelle année la Mauritanie a adhéré à l’ITIE ?
La Mauritanie a adhéré à l’ITIE en 2007.
Depuis cette date, combien de rapports ont été publiés ?
Depuis son adhésion, la Mauritanie a publié 17 rapports couvrant 18 exercices (de 2005 à 2022). Les exercices 2020 et 2021 ont été couvert par un seul rapport.
Comment est composé le Groupe multipartite (GMP) ?
Le GMP Mauritanie est composé de 31 membres repartis en 3 collèges : collège du gouvernement ; collège de la société civile ; et collège des entreprises. Le collège de la société civile est majoritaire, avec 14 membres, soit 35% des membres.
Le GMP est présidé par un conseiller du Premier Ministre, Mohamed Lemine Ahmedou. Le GMP est soutenu par un Secrétariat Technique national.
La Mauritanie a subi combien de validations et quels sont les scores ?
La dernière validation de la Mauritanie date de 2020. Le pays a obtenu un bon score avec la note « progrès significatif ». La prochaine validation aura lieu à partir de janvier 2024.
Quelles sont les innovations majeures de la Mauritanie dans la mise en œuvre de la norme ITIE ?
La deuxième innovation est le « Rapport Pilote ». Pour les rapports 2020-2021 et 2022, la Mauritanie a opté pour l’approche pilote proposée par le secrétariat international ITIE. Cette méthode va au-delà du simple rapprochement des paiements, avec un accent mis sur l’analyse de l’intégrité des paiements, les systèmes de collecte et de gestion des entités étatiques et un rapprochement basé sur les flux à risque. Cela donne une grande valeur ajoutée aux rapports.
Ces deux innovations ont valu à la Mauritanie le prix de champion de l’ITIE décerné par la présidente de l’Initiative en juin 2023.
Selon vous, quels sont les reformes que la mise en œuvre de l’ITIE a apporté dans le secteur minier en général?
La Mise en œuvre de l’IITIE, au-delà des reformes, a permis d’éveiller la société civile et la population de manière générale par rapport aux enjeux du secteur extractif, sa contribution et ses perspectives. Ensuite, concrètement, le GMP a réussi à faire adopter au moins deux décrets relatifs à la propriété réelle et à la divulgation systématique. Les recommandations contenues dans les rapports ITIE font également l’objet d’une réunion interministérielle à chaque rapport publié. Cela permet d’apporter des réponses aux faiblesses identifiées.
Quels sont les prochains défis à révèlera par le CN-ITIE ?
En termes de défis, il y a la nécessité de consolider les acquis en termes de divulgation systématique et de rapportage pilote. Il s’agit de progresser dans la mise en œuvre de l’exigence 2.5. Le CN-ITIE va s’atteler à intégrer les exigences de la nouvelle norme 2023 avec toutes ses nouveautés et élargir le débat public autour du secteur extractif pour une meilleure gouvernance du secteur minier.
Interview réalisée par Elie KABORE depuis Nouadhibou (Mauritanie)








