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Dossier spécial Mines Actu Burkina: Zoom sur l’or de l’AES : Les 3 pays ont produit 126 tonnes d’or en 2023

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Le 16 septembre 2023, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé la création de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ces 3 pays sont des pays miniers. Si le Burkina Faso et le Mali font partie des plus grands producteurs d’or en Afrique, le Niger fait partie des producteurs d’uranium et de pétrole. Quel est le potentiel minier de l’espace AES ? Quelles sont les ressources exploitées et leur contribution au développement socioéconomique de chaque pays ?

En fin 2023, les 3 pays de l’AES ont produit 126,1792 tonnes d’or. Ces données ont été compilées à partir des rapports de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) de chaque pays.

Le Mali, avec une quantité de 66,417 tonnes d’or, a produit 52,64% de l’ensemble de la production.

Cette quantité a été produite majoritairement par 13 mines d’or industrielles. Mais 02 mines ont produit 66,43% de cet or, dont Fekola, 20,632 tonnes, et le complexe Loulo/Goukoto, 23,489 tonnes, selon les informations de la Direction nationale de la géologie et des mines rapportées dans le rapport ITIE 2023.

Burkina Faso et Mali, une prédominance de l’or

Le Mali est présenté comme le 3e pays producteur d’or en Afrique, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana. Il est le 2e producteur en Afrique de l’Ouest et le premier dans l’UEMOA.

Le 2e producteur d’or dans l’AES est le Burkina Faso. En fin 2023, ses 12 mines industrielles ont produit 45,44% de l’or de l’AES, soient 57,338 tonnes. Cette production du Burkina Faso connait une baisse, après les pics atteints en 2020 (63,02 tonnes) et en 2021 (67,13 tonnes). La baisse en 2023 s’explique par la fin de l’exploitation de certaines mines, l’insécurité que connait le pays, qui a entrainé la fermeture de certains sites, la perturbation de la production et le non-développement de nouveaux sites. Malgré cette baisse, le Burkina Faso se place entre le 4e et le 5e rang des pays producteurs d’or en Afrique et le 2e dans la zone UEMOA, après le Mali.

Le Niger, en 2023, a présenté une production d’or de 2,424 tonnes, dont 177,54 kg issus de la production industrielle et 2,246 tonnes de la production artisanale. Ces données de l’ITIE-Niger indiquent que ce pays a produit 1,92% de l’or de l’AES. La production d’or déclarée au Niger est restée constante, puisqu’en 2021, il a enregistré 2,456 kg d’or, toujours selon l’ITIE-Niger. 

De l’uranium, du pétrole et du charbon au Niger

Outre l’or, les 3 pays exploitent d’autres ressources.

Au Mali, les ressources exploitées en 2023 sont des produits des carrières, dont la chaux (2 636 tonnes), le ciment (1 095 704 tonnes), la dolomite (8 404 tonnes) et le gravillon (493 889 tonnes). Le Burkina Faso a produit du zinc et du manganèse. Les sites d’exploitation de ces minéraux sont à l’arrêt pour diverses raisons.

Mais le Burkina Faso exploite des ressources issues des carrières. Selon Tiendrebeogo Patoingnimi Arsène, Directeur général des Carrières, au 31 juillet 2024, le Burkina Faso comptait 29 carrières en production, avec un volume de produits extraits évalué à 617 523 m3. Ce sous-secteur a créé 1 141 emplois durant la même période. Les carrières ont contribué en termes de redevances sur la production à 318,412 millions FCFA au Budget de l’Etat et 105,017 millions FCFA au titre du Fonds minier de développement, a indiqué Tiendrebeogo Patoingnimi Arsène.

Les ressources extractives du Niger comprennent le charbon et le pétrole, avec une prédominance de l’uranium. En 2021, le Niger a produit 2 282 tonnes d’uranium d’une valeur de 106,962 milliards FCFA. Quant au charbon, les 243 520 tonnes ont représenté une valeur de 8,320 milliards FCFA en 2021. Enfin, la production de pétrole a atteint 6,3 millions de bbl en 2021, soit une valeur de 155 milliards FCFA.

D’importantes réserves minérales diversifiées dans chaque pays

En dehors des ressources exploitées, chaque pays dispose de réserves minérales diversifiées.

Le Burkina Faso présente des indices et des ressources non encore exploitées, très variées et bien réparties sur l’ensemble du territoire, dont le diamant, la bauxite, le nickel, le vanadium, le cuivre, le titane, la dolomite, l’antimoine, le marbre, etc.

Le sous-sol malien regorge d’autres ressources non exploitées, dont le pétrole. En effet, des forages pétroliers de plus de 1000 mètres ont été implantés en 1945 et en 1966.

Pour encadrer l’exploitation, le Mali s’est doté d’un Code pétrolier en 1969. Plusieurs permis ont été attribués à la suite. Le Mali reste un potentiel pétrolier sur plus de 900.000 km², même s’il est difficile de donner avec précisions des chiffres. Ce pays serait en train de finaliser la construction de la mine d’exploitation de lithium qui devrait entrer bientôt en production.

Quant au Niger, l’inventaire des réserves et ressources minérales indique la présence de fer, de vanadium, de cuivre, de manganèse, de platine, de lithium, de nickel, de titane, de diamant, de terres rares, d’étain, de gypse, de phosphate, de sel, de calcaire, etc. Ces ressources sont réparties sur l’ensemble du pays.

Le Burkina Faso est en train de construire sa première raffinerie d’or dont le lancement des travaux de construction est intervenu le 23 novembre 2023. La raffinerie est construite en partenariat avec la société Marena Gold. Elle a une capacité d’affinage de 145 tonnes d’or par an.

Le gouvernement malien a aussi annoncé la construction d’une raffinerie d’or avec des partenaires russes.

Le président nigérien a également annoncé que son pays projetait de construire une raffinerie de pétrole et un complexe pétrochimique et créer un Institut de pétrole et de gaz.

Elie KABORE

Encadré 1

Nouveaux codes miniers: Augmentation des parts de l’Etat dans le capital des sociétés au Burkina Faso et au Mali 

Les 3 pays ont placé l’exploitation des ressources extractives au cœur des programmes de développement. Dans cette lancée, un certain nombre de réformes ont été entreprises, en vue d’une affirmation de la souveraineté des ressources et une exploitation qui rapporte plus à l’Etat.

Au titre des réformes du cadre légal, le Burkina Faso a adopté, en juillet 2024, la loi sur le contenu local, afin de créer plus de valeur ajoutée et maximiser les retombées du secteur. Il a adopté ce même jour, un nouveau Code minier dont les innovations majeures introduites font obligation aux sociétés industrielles de transformer ou de valoriser au moins 50% de leur production sur le territoire national. Dans ce Code, la participation de l’Etat dans le capital des sociétés industrielles passe de 10 à 15%. Les autres innovations concernent la réduction des exonérations fiscales en phase d’exploitation, l’obligation faite aux entreprises d’exploitation minière d’ouvrir leur capital social aux investisseurs burkinabè, etc.

Avant le Burkina Faso, le Mali a relu son Code minier en août 2023 et adopté une loi sur le contenu local. En application de ce code minier, le Mali a récupéré une partie des actions de la société qui exploite le lithium. En effet, dans un communiqué conjoint signé par Alousséni Sanou, ministre des Finances et Amadou Keita, ministre des mines le 20 mai 2024, le gouvernement malien a annoncé avoir trouvé un accord suite d’une série de négociations. Dans cet accord : « l’Etat du Mali a obtenu des réparations en partie de l’opérateur australien Firefinch, suite à ses manquements liés à sa gestion de la mine », indique le communiqué. « La conclusion de cet accord a aussi permis la renégociation du contrat de lithium de Goulamina, en application du Code minier de 2023, a permis de porter la participation de l’Etat et des Nationaux à 35% contre 20% précédemment », selon le communiqué.

Enfin, le gouvernement malien entamé des négociations avec la société Barrick Gold qui exploite le complexe minier de Loulo et Gounkoto, exploité par Barrick Gold. Les négociations qui ont duré 08 mois ont porté sur les infractions que Barrick Gold aurait commise. Un protocole a été signé aux termes des négociations où Barrick Gold s’engage d’une part à verser à l’Etat malien des amendes et d’autre part à accepter une augmentation de la part de l’État dans les bénéfices économiques générés par le complexe de Loulo-Gounkoto. Barrick Gold. En application de cet accord, Barrick Gold a déjà versé Barrick a effectué un paiement au gouvernement malien de 50 milliards de FCFA.

E K

Encadré 2

Retraits de permis au Burkina Faso et au Niger

Le gouvernement burkinabè a aussi procédé à des retraits de permis miniers, dont celui de zinc de Perkoa et les permis d’exploitation d’or de Yéou, Kalsaka, Guiro, Inata. Les permis des mines de manganèse de Tambao et de Kiéré ont été également retirés. Tous ces sites ont déjà connu une exploitation. D’autres permis miniers feront l’objet de retrait, a affirmé le Président Ibrahim Traoré.

Au Niger, le président réaffirme l’importance du contenu local dans le secteur minier. Pour lui, l’objectif réside dans l’obligation faite aux industries minières et pétrolières d’utiliser prioritairement les micros, petites et moyennes entreprises locales et le personnel national. Déjà, le pays a retiré les permis miniers d’uranium d’Imouraren et de Madaouela, ainsi que des blocs pétroliers.

EK

Encadré 3

Des raffineries au Burkina et au Niger

Au Burkina Faso, au titre des réformes, le gouvernement a créé la Société nationale des substances précieuses (SONASP), le 9 août 2023, sous la forme d’une société publique. La SONASP a pour activités la production de l’or, sa commercialisation et sa transformation avec la possibilité de se doter d’une raffinerie.

En matière de commercialisation, la SONASP procède à l’achat de l’or produit artisanalement et l’or des sociétés minières industrielles. Pour ce faire, elle a signé des conventions d’achat de l’or avec les sociétés minières industrielles.

Afin de permettre à la SONASP de racheter l’or produit artisanalement, le gouvernement a pris une mesure le 20 février 2024, interdisant l’exportation de l’or issu des sites artisanaux et des sites semi-mécanisés. Pour le Capitaine Sougrinoma Basile Zongo, Directeur général de la SONASP, au 31 août 2024, la quantité d’or achetée s’établit à 13,049 tonnes, dont « « 8,149 tonnes pour la production industrielle et 4,9 tonnes pour la production artisanale et semi-mécanisée ».

Le gouvernement a procédé à la mise en place d’une usine de traitement des résidus miniers dont l’inauguration est intervenue le 23 janvier 2024. L’usine appartient à Golden Hand SA, société dont les capitaux sont détenus par des nationaux mais l’Etat burkinabè est actionnaire avec 40%. L’usine a pour but de traiter les résidus miniers des sociétés industrielles et des sites d’orpaillage pour extraire le maximum d’or.

EK

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