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« Les femmes ont aussi leur place dans les sciences et les fonctions de responsabilité », Madame LINGANE/ KONATÉ Madina, chef de service laboratoire de la Direction régionale du BUMIGEB à Bobo Dioulasso

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Souvent confrontée à des stéréotypes, ce défi l’a motivé à persévérer pour prouver que les femmes ont aussi leur place dans les sciences, surtout dans des fonctions de responsabilité, selon », Madame LINGANE/ KONATÉ Madina, chef de service laboratoire de la Direction régionale du BUMIGEB à Bobo Dioulasso

A la base Ingénieure chimiste, madame LINGANE/ KONATÉ Madina dirige actuellement le laboratoire de la Direction régionale du Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina Faso (BUMIGEB) à Bobo Dioulasso comme chef de service. Passionnée par les sciences et engagée dans le développement durable de son pays, elle met son expertise au service de la valorisation des ressources minières et de la promotion de l’excellence scientifique. En tant que femme dans un secteur majoritairement masculin, elle s’efforce également d’encourager et d’inspirer les jeunes filles à s’engager dans les carrières scientifiques et techniques.

Quel a été votre parcours professionnel dans la fonction publique ? Mon parcours dans la fonction publique a débuté après l’obtention de mon diplôme master II en Management des Risques Industriels et Environnementaux à l’Institut du Génie de l’Environnement et du Développement Durable (IGEDD) de l’Université JOSEPH KI ZERBO de OUAGADOUGOU, d’où j’ai intégré le Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina (BUMIGEB) en décembre 2011 comme technicienne Supérieure Chimiste à la Direction des Laboratoires de Ouagadougou à l’issu d’un test. Grâce à mon engagement, ma rigueur et ma capacité à travailler en équipe, j’ai progressivement évolué vers des responsabilités plus importantes. De 2013 à 2017 j’ai occupé le poste de chef de Section Analyse Chimique.

En fin 2017 j’ai été affecté à la Direction Régionale BUMIGEB-BOBO (DRB) pour le renforcement du personnel. En 2018 j’ai été reclassée Ingénieure Chimiste et nommé Chef de Service des Laboratoires par intérim et confirmée en 2019. Il faut dire que j’ai également suivi des formations sur le renforcement des capacités, ce qui m’a préparée à assumer des fonctions de Chef de Service des Laboratoires de la DRB.

Qu’est-ce qui vous a motivée à choisir cette voie scientifique, dans un pays où peu de femmes sont dans ce domaine ?

Ma motivation à choisir cette voie scientifique date depuis mon plus jeune âge. À partir de la 4ème j’ai toujours été fascinée par les sciences et les expériences, particulièrement en chimie. Cette discipline, qui permet de comprendre la composition et les transformations de la matière, m’a toujours semblé être une clé essentielle pour résoudre des problèmes concrets, notamment dans le domaine de la santé, de l’environnement et de l’industrie. Choisir la chimie dans un pays où peu de femmes s’engagent dans ce domaine n’a pas été un choix évident ni facile. J’ai souvent été confrontée à des stéréotypes et c’est précisément ce défi qui m’a motivée à persévérer. Je voudrais prouver que les femmes ont aussi leur place dans les sciences, surtout dans des fonctions de responsabilité. Le BUMIGEB est un Service géologique national (SGN). Il est également garant de la sécurité industrielle, minière et des hydrocarbures. Il a pour engagement d’améliorer la connaissance géologique et minière du pays et appuie la mise en évidence et la valorisation des substances minérales contenues dans le sol et le sous-sol du pays. Le BUMIGEB représente pour moi une opportunité unique de contribuer à des projets d’envergure, ayant un impact direct sur le développement durable et la valorisation des ressources naturelles de notre pays. En résumé, ma motivation est née d’une passion pour la chimie, renforcée par la volonté de dépasser les barrières sociales et de participer activement au progrès scientifique et économique de mon pays, tout en ouvrant la voie à une nouvelle génération de femmes scientifiques.

Quel est le rôle du laboratoire que vous dirigez dans la chaîne de valeur minière du Burkina Faso ?

Le laboratoire que je dirige au BUMIGEB joue un rôle crucial dans la chaîne de valeur minière du Burkina Faso en fournissant des analyses géochimiques précises et fiables qui soutiennent la connaissance et la valorisation du potentiel minier national. Ces analyses permettent d’évaluer la qualité des minerais, de contrôler les métaux précieux issus de l’exploitation artisanale et industrielle, et d’appuyer les décisions des acteurs miniers en matière d’exploration, d’exploitation et de gestion des ressources. Nos résultats influencent directement les décisions des entreprises minières et des autorités publiques en leur fournissant des données techniques essentielles pour orienter les investissements, optimiser les processus d’extraction et garantir la conformité aux normes sécuritaires et environnementales. En tant que bras technique du ministère des mines, le BUMIGEB, précisément le Laboratoire, participe à des opérations de coulée dans les mines et la pesée des lingots d’or, contribuant ainsi à la transparence et à la régulation du secteur. Ainsi, notre laboratoire est un acteur clé qui facilite une exploitation minière durable, sécurisée et économiquement viable, tout en participant à la diversification et à la valorisation des ressources minières du Burkina Faso.

« Diriger ce laboratoire est à la fois un honneur et une responsabilité : je souhaite encourager les jeunes filles à s’intéresser aux sciences, à croire en leurs capacités, et à oser des carrières scientifiques ambitieuses »

Vous êtes l’une des rares femmes à occuper une fonction technique aussi stratégique. Avez-vous rencontré des barrières, et comment les avez-vous surmontées ?

En tant que femme occupant une fonction technique stratégique au BUMIGEB, j’ai effectivement rencontré des barrières liées aux stéréotypes de genre et à la rareté des modèles féminins dans le secteur minier et scientifique au Burkina Faso. Ces obstacles se traduisent souvent par un manque de reconnaissance initiale de mes compétences ou par des attentes différentes selon le genre. Pour les surmonter, j’ai misé sur la rigueur scientifique, la persévérance et la confiance en mes capacités. J’ai également cherché à construire un réseau de soutien, tant parmi mes collègues que dans des cercles professionnels, afin de renforcer ma légitimité. Par ailleurs, j’ai toujours considéré que mon rôle était aussi de montrer la voie aux jeunes femmes, en incarnant un exemple concret que la compétence et le leadership féminin sont essentiels dans ce domaine.

Cette expérience m’a appris qu’une forte personnalité, une expertise solide et une volonté de dialogue sont des atouts indispensables pour briser les barrières et contribuer pleinement au développement du secteur minier au Burkina Faso.

Quelles actions concrètes les entreprises minières et l’Etat peuvent-elles mettre en place pour améliorer l’inclusion des femmes ?

Pour améliorer l’inclusion des femmes dans le secteur minier au Burkina Faso, plusieurs actions concrètes peuvent être mises en place par les entreprises minières et l’État. Il s’agit d’adopter des politiques inclusives et équitables favorisant le recrutement, la promotion et la formation continue des femmes, afin de garantir l’égalité des chances dans tous les métiers du secteur minier. Il s’agit également de renforcer les capacités des femmes par des programmes de formation spécialisée, de mentorat et d’accompagnement, pour développer un réservoir suffisant de compétences féminines dans les métiers techniques et supports. Il faut améliorer les conditions de travail en créant des environnements professionnels où les femmes se sentent respectées, valorisées et en sécurité, ce qui favorise leur bien-être et leur engagement. Soutenir les initiatives associatives comme l’Association des Femmes du Secteur Minier du Burkina (AFEMIB), qui agit comme tribune pour poser les problèmes spécifiques des femmes et propose des solutions adaptées. Il faudrait encourager la participation des femmes dans la gouvernance et la prise de décision au sein des structures minières et des instances publiques, pour mieux intégrer la dimension genre dans les politiques minières.

La promotion de l’accès des femmes aux ressources économiques, notamment en facilitant l’octroi de permis d’exploitation et en soutenant leur inclusion dans la chaîne de valeur minière, y compris dans l’artisanat et les services associés, sont autant de propositions. Ces mesures, soutenues par un engagement fort du gouvernement et des acteurs privés, contribuent à construire un secteur minier plus inclusif, prospère et durable au Burkina Faso.

Avez-vous un conseil à adresser aux jeunes filles ?

Diriger ce laboratoire est à la fois un honneur et une responsabilité : je souhaite encourager les jeunes filles à s’intéresser aux sciences, à croire en leurs capacités, et à oser des carrières scientifiques ambitieuses. A l’endroit de toutes les jeunes filles qui rêvent de se lancer dans des domaines scientifiques ou techniques, je vous conseille de croire en vous et en vos capacités. Ne laissez jamais les stéréotypes ou les doutes des autres freiner votre ambition. La passion, la persévérance et le travail sont vos meilleurs alliés pour réussir. Osez choisir des filières qui vous intéressent, même si elles sont peu fréquentées par les femmes. Cherchez des mentors, entourez vous de personnes qui vous soutiennent et n’hésitez pas à relever les défis. Chaque obstacle est une occasion d’apprendre et de grandir. Sachez que votre contribution est précieuse et que vous pouvez, à votre tour, ouvrir la voie à d’autres filles. Le monde a besoin de votre talent, de votre créativité et de votre détermination pour construire un avenir meilleur. Alors, lancez-vous avec confiance et fierté : vous avez toutes votre place dans la science, la technologie, et au-delà !

E K

#Mines_Actu_Burkina

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