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RD Congo : Amesty internationale dénonce le calvaire des populations des zones minières

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Dans un rapport rendu public en 2023, l’ONG Amesty internationale tire la sonnette d’alarme sur les conséquences des exploitations minières sur la population de la République Démocratique du Congo (RDC). Intitulé « Alimenter le changement ou le statu quo ? Expulsions forcées dans les mines industrielles de cobalt et de cuivre en république démocratique du Congo », ce rapport décrit comment les populations des zones minières ont été déguerpies de leur village par les sociétés minières.

A Kolwezi, une ville de la province du Lualaba, en République démocratique du Congo, 4 sociétés minières se sont installées dans cette localité.

Une cité dénommée « Cité Gécamines » a été construite à l’ouest du centre-ville de Kolwezi et se présente sous la forme d’un quartier résidentiel. Elle a été construite à l’origine pour loger les employés de la mine. En 2017, elle abritait près de 39 000 personnes.

Depuis 2012, les habitants de la Cité Gécamines ont commencé à subir des vagues d’expulsions. «On commençait à mettre des croix, des barrières, pour faire peur aux gens. On était patient, on le voyait, on se posait des questions. On nous disait seulement : “Attendez.”», s’est rappelé Michel Ndoni, un des habitant victime d’expulsion de la société minière COMMUS. «La société COMMUS n’avait pas fait part de ses projets d’expansion de la mine ni publié une quelconque évaluation d’impact qu’elle aurait menée ou commandée avant de commencer sa première vague d’expulsions qui a touché 56 familles en 2016», révèle le rapport d’Amnesty international.

Le rapport explique aussi que les autorités provinciales ont permis à COMMUS de procéder aux expulsions sans en informer comme il se devait les personnes concernées ni les consulter véritablement. De plus, la société déclare avoir indemnisé les populations mais plusieurs d’entre elles réfutent ce fait. « Tout ce que nous demandons (à COMMUS) c’est tout simplement de nous respecter ; de tenir compte de nos maisons, nos parcelles, nos arbres fruitiers… et surtout de nous payer décemment », a affirmé le collectif des populations expulsées.

La société COMMUS s’est défendue. Son attaché juridique affirme avoir remis un protocole d’accord aux villageois en leur demandant de le lire et de le signer. Mais Crispin Mwenda, une victime, s’est rappelé que les personnes expulsées n’avaient pas été autorisées à conserver un exemplaire du document. Il a expliqué cela en ces termes : «dans le protocole d’accord, il n’y avait pas de montant (précisé pour l’indemnisation), et puis il y avait des termes juridiques qui nous dépassaient. Ils ne nous avaient pas remis de copie. Malgré que je sois éduqué, je n’y comprenais pas grand-chose. Ils ont refusé de répondre à mes questions ou de me remettre une copie». 13 habitants ont écrit à COMMUS pour signaler qu’ils n’avaient pas compris les termes de l’accord qu’ils avaient signé, ni la méthode de calcul des indemnités reçues.

En réaction à ces constatations, COMMUS a écrit qu’elle s’efforçait actuellement d’améliorer ses pratiques concernant la divulgation d’informations.

Des expulsions dans plusieurs villages

Mukumbi est aussi un village informel de plus de 1000 habitants situés à environ 5 kilomètres au nord-est de Kolwezi. Il se trouvait à l’intérieur d’une concession minière de cuivre et de cobalt appelée Mutoshi, acquise en 2015 par CHEMAF, une entreprise minière immatriculée en RDC. D’anciens habitants du village ont accusé des militaires d’avoir détruit leurs logements, avec la participation de l’entreprise minière. «Vers 8 h 30, je suis surpris par les enfants qui me disent : “Papa, viens voir, on est en train de brûler les maisons” », a confié Ernest Miji, chef du village de Mukumbi. Trois anciens habitants ont affirmé aussi avoir vu un cadre de haut niveau de la société CHEMAF à Mukumbi au moment où les militaires incendiaient les maisons et les autres bâtiments. Ces personnes ont indiqué que les militaires de la la Garde républicaine avaient détruit leurs biens et agressé physiquement les habitants qui tentaient de protéger leurs biens et eux-mêmes.

CHEMAF reconnait avoir donné l’ordre de bruler les maisons des habitants qui ont refusé de partir. Cependant, Bien que l’accord de conciliation conclu sous la supervision des autorités provinciales n’indique pas comment se sont déroulées les expulsions, il précise que CHEMAF, sans « reconnaître formellement » de quelconque faute, « a déguerpi les occupants du “village Mukumbi”, sans indemnisation » en 2016. A la suite des manifestations organisées par d’anciens habitants en 2019, CHEMAF leur a versé la somme de plus de 900 millions de FCFA. Mais plusieurs victimes ont déclaré n’avoir reçu que 180 000 FCFA, ce qui est insuffisant au regard des dégâts subis selon le rapport d’Amnesty international.

Samukonga et Tshamundenda sont deux des villages de Kolwezi concernés par les expulsions. Des milliers de personnes vivaient ou possédaient des terres agricoles dans la zone. Dans ces villages, la société minière METALKOL a procédé à des vagues d’expulsions (depuis 2019) des populations avec l’aide des militaires une fois de plus.

Metalkol estime avoir appliqué toutes les mesures en matière de droits humains qui découlent des normes internationales. Cependant les personnes interrogées ont indiqué avoir reçu entre 4 000 et 62 000 dollars américains contre plusieurs hectares de terres cultivées et après avoir été forcées par les militaires à signer un registre qu’elles ne comprenaient pas.

Des indemnisations contestées

Le projet minier de Kamoa-Kakula se trouve à 25 kilomètres environ au sud-ouest de Kolwezi. Kamoa abrite plus de 40 000 personnes. Selon le rapport, parmi ces dernières, plus d’un millier de personnes ont perdu l’accès à leur logement, leur commerce ou leurs champs du fait des activités minières de la société Kamoa.

Aux dires de l’entreprise Kamoa, « chaque famille a reçu une maison […] sur la base de ce qu’avait décidé le comité (groupe de travail sur la réinstallation) en fonction des plans convenus et joints à l’acte individuel de transfert ». Cependant, plusieurs membres de la communauté se sont plaints de la taille et des commodités élémentaires des logements construits par l’entreprise.

« Aucune des maisons mises à disposition aux fins de la réinstallation n’était équipée d’une douche, de l’eau courante, ni de l’électricité. L’entreprise a confirmé que les trous qu’elle avait fait creuser pour servir de latrines aux habitants n’étaient reliés à aucun système d’évacuation des eaux usées. Les familles ont déménagé à Muvunda en 2017, mais ce n’est qu’en 2021 que l’école primaire construite par Kamoa a ouvert ses portes, et il a fallu attendre 2023 pour que le centre de santé soit achevé », peut-on lire dans le rapport d’Amnesty.

Kamoa a aussi déclaré qu’en 2017, « Ses normes de délocalisation étaient à la hauteur des meilleures pratiques internationales(…)», en ajoutant que «les principes des Nations-Unies sont louables, mais difficiles à appliquer alors que l’électricité n’est pas disponible dans la région».

Il faut noter que le présent rapport d’Amnesty faisant état des injustices subies par les populations en RD Congo, se fonde sur les recherches menées conjointement par l’Initiative pour la bonne gouvernance et les droits humains (IBGDH), basée à Kolwezi.

Georges Youl

#Mines_Actu_Burkina

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